Bobine

Après les derniers épisodes automobilistiques, le parc s’étant considérablement amoindri, quelle belle occasion pour ne plus hésiter dès le matin entre une telle et une telle, et partir gaiement au volant de ma belle 2CV. Belle, la plus belle d’ailleurs, sans faire de jalouse, vu qu’elle est unique, re belle aussi, surtout quand elle refuse de démarrer, bon, à chaud, l’expérience deuchiste, surtout celle des autres, m’a appris que cela venait presque à coup sûr de la bobine. Et oui, une bobine trop chaude et plus d’allumage. Que cela vous arrive sur votre 2CV ou bien autres bicylindres dérivés sauf spécimens au dernier allumage électronique à la mode, donc, si cela vous arrive, vous ouvrez le capot, c’est quand même plus pratique, et vous déconnecter les deux fils des deux bougies, les deux petits fils du plus et du moins, vous branchez tout ça sur une nouvelle bobine, même une autre vieille fera l’affaire pourvu qu’elle soit froide, et vroom ça repart devant les bobines éberluées des gens autour. Bon, ok, de nuit, sous la pluie, vous y verrez moins bien et dans les bobines et dans les fils, mais bon, les fils c’est pas grave, il n’y a pas vraiment de sens, les bobines, pour arranger les choses, elles sont noires, je parle bien sûr de celle des 2CV. Comme quoi, l’expérience, ça sert. Celle des autres, quand la votre est défaillante, mais par un principe encore plus simple que celui des vases communicants, l’expérience des autres devient la votre, sous réserve de vouloir apprendre bien sur, mais sans cela, que serait la vie ?

La vie est un peu à l’image de nos véhicules. Il y a le côté basique, rustique diront certains détracteurs, encore que comparer des tracteurs avec des voitures soient une drôle de façon d’aborder le sujet, au pire un pis aller, digne d’une réflexion d’une vache normande en atteinte de traite, non pas que je veuille par là esquiver le sujet pour m’en aller parler de la traite des blanches et marrons, je ne suis pas pour cela un joueur vénérable de note superbe équipe nationale, quoiqu’une fois de plus, les ébats font débats…. Mais revenons à nos autos, du moins, à ma propre expérience sur le sujet. D’un côté, il y a cet objet, qui d’un premier abord semble basique, dont la légende colporte depuis des temps immémoriaux que sa définition soit de pouvoir transporter un panier d’œuf sans en casser un seul, cette chose étonnante qui muta tout au long du siècle, de sa conception d’avant guerre au début de sa commercialisation après guerre, traversant les révolutions culturelles, s’adaptant aux époques, plusieurs fois déstabilisée par des remplaçantes qui n’en furent pas, jusqu’à l’arrêt pour d’obscures raisons politiques d’un lion devenu actionnaire et ne supportant pas la vue de chevrons trop fringuant, dressant une image entre charme, classe et désuétude. Quand on s’intéresse à la voiture, ce sont des successions d’ingéniosités qui s’assemblent, constituant là un produit tout compte fait, hautement technologique, mais d’une technologie simple, efficace, d’entretien facile et de compréhension si accessible qu’on se demande comment des générations d’automobiles avant n’y ont pas songé. Accessible au bricoleur lambda, vite dépannée, sans électronique, ni confort superflu, elle est à l’antipode des voitures actuelles : fardées, bourrées de gadgets, devenues insipides, et dont la simple trousse à outils actuelle consiste à embarquer à bord un téléphone et le numéro d’une société de dépannage…. Est-ce pour cela que la 2CV a ses inconditionnels, ses fans, ses admirateurs et qu’elle est autant recherchée ? Est-ce pour cela que nos autos actuelles sont devenues des produits de consommation courante ? Nos vies sont ainsi : belles, pleines de richesses, sans fard, sans tricherie, sans mensonge, être soi, direct, franc et sincère, c’est ainsi qu’on aime voir les autres, ce n’est pas toujours ainsi que les gens sont. Déguiser nos vies dans du bling-bling technologique, s’entourer d’un pseudo confort, s’inventer des vies, des loisirs, des passions, des idéaux qui ne sont que paillettes, conduisent tôt ou tard aux ruptures. Rupture avec les autres, rupture avec soi. Devient-on original lorsque redevient originel, nu, détaché d’un monde qui court vers sa perte en en faisant un objectif de réussite ? Quand cessera t’on de vivre de modes pour vivre pleinement son mode de vie ? Certes, la 2CV n’est pas un bolide, mais doit-on être pressé de vivre ? Il fait beau, les vitres ouvertes, la capote roulée, c’est un profit maximal de paysages dans les trois dimensions qui accompagne le voyage le plus banal, fusse celui du trajet pour se rendre au boulot…..

Profitons donc de nos vies, telles qu’elles sont, vivons les plutôt que de les rêver. Prenons le temps de chaque instant, redécouvrons les trésors qui nous entourent, les vrais bonheurs ne sont pas artificiels ni virtuels, ils sont là, présent, près de nous, il n’est pas besoin de parcourir la planète, à pied, en voiture, ou par les réseaux internet, les joies simples de vies simples, les moments de convivialités, dans le sport, dans les loisirs, dans un repas partagé sont autrement plus grands est tellement plus concret. Allez, un petit effort, oubliez les cosmétiques sur vos vies, vivez pleinement, tel que vous êtes, c’est tellement mieux.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

bien vu .... la simplicité rien de mieux et de plus agréable


bizz