plume

Il y a longtemps que je n’ai pas trempé la plume dans l’encrier, longtemps que je ne me suis pas étendu sur le papier, pour de véritables belles choses. Bien sûr, il est des papiers plus glacés que d’autres, au point de vous en glacer les sens et le sang. Sang froid, c’est clair, il le faut toujours pour garder la tête froide, sortir de l’impasse, redresser la tête et reprendre le voyage. Parfois l’envie de jeter l’encre, et très sûrement une envie de jeter l’ancre, de profiter du mouillage d’un port, de laisser mes voiles jouer aux bons plaisirs des vents. Si les vents sont multiples et changeants, ils restent tous dessinés sur la même rose. Dessins ou desseins ? Une jolie rose, de jolis desseins, desseins jolis ou des seins jolis ? Humeur badine, humour en goguette, puissent les vents souffler pour chasser alors les tourments, les crises, la monotonie, les envies de routines, pour varier les bonheurs et attiser la braise de ce joli foyer…. Plume légère qui vole aux vents, plume légère tenue de main ferme, légère ne voulant pas dire volage, pour peu que la main qui l’empoigne soit perspicace et efficace, ferme et habile, sachant user de doigté et de douceur, sachant distiller le plaisir au compte-goutte, œuvrer pour y faire naitre le plaisir des sens, la quintessence suprême, aller et venir, sachant la dresser, une plume c’est si fragile et à la fois si fort, un rien suffit à lui faire dresser le poil, un rien suffit à l’apaiser, un rien, non, deux riens, en fait ! Comprenne qui pourra…. Un deal comme un autre ? Oh ! Deal n’est peut-être pas le mot qui convient, plus qu’un mot, non ?

Plume libertine qui va et vient sur les papiers couchés de la vie, plume subtile pour qui sait s’y attarder, plume incomprise et non prise pour beaucoup, plume légère par la perte de gravité. Les mots sont des sons d’émotion qui sonnent et donnent le ton aux couleurs de nos vies. On peut être d’ici ou d’ailleurs, on ne connait jamais la véritable couleur de l’autre, sauf si on accepte de s’en donner le temps et de prendre le temps d’en avoir envie. Course démoniaque, enchainement des événements, un jour ici, l’autre plus-là, un temps de travail avant de savourer le temps des congés, des libertés, le temps de s’évader, d’aller gouter aux plaisirs de l’onde, d’aller toucher les étoiles, juste une suffit. Prose avant la pause, comme quoi, la pause, évoque bien le manque d’air…. Ebullition neuronique, il est temps que l’année se termine, non pas que l’on bulle, plutôt l’envie d’autres bulles face aux vagues, point de vague à l’âme, ni de terrain vague, un paysage vaguement offert, déserté, ouvert aux étoiles comme aux cœur, l’onde grondera de plaisir étouffant par cela les mots offerts à demi-mots. Voler au-dessus des flots, survoler des paysages sans cesse changeant, s’enivrer d’écume comme de cette fine mousse légère qui ourle le sommet de flutes tintant sur le sable, savourer le moment enfin présent, délirer dans le seul mode qui compte, le réel, le vrai. Epreuve de vérité. Et preuves de vérité, l’envie d’être en vie, l’envie d’avancer la course du temps, l’envie d’être à demain comme demain sera l’envie d’être hors du temps, sans cesse en décalage face au grand sablier, c’est pourtant sur le sable que bien installés, la brise légère portera les chants des mouettes, la lumière défaillante d’une nuit sans lune enveloppera le soir de douces intimités.

Rêve. Songes laissant songeur, parfum enivrant de réels bonheurs vécus dans toute la virtualité du sommeil, il n’y a pas de raison de bouder son plaisir, la vie est suffisamment imprévisible, capricieuse aussi, pour ne point attendre qu’elle montre le chemin. C’est à nous et à nous seul de nous mettre en route, de faire notre chemin pour espérer être sur la bonne voie. La réussite n’est qu’au-delà de la tentative, ni avant, ni sans. Le hasard n’existe que si on se hasarde à la provoquer. Propos provocateurs ? Que nenni ! Juste un résumé des épisodes précédents, et l’envie des épisodes suivant sans que cela soit épisodique ni même suite à épisodes….. Envie de tremper ma plume dans un bel encrier, envie d’ancrer ma vie dans une seule envie, envie de vivre et de profiter librement, ce qui n’est pas forcément vivre libre dans un certain sens, on peut être et avoir été, on peut vouloir bien plus qu’un été pour réchauffer une vie à venir, l’avenir est demain, le passé lointain. Message à glisser dans une bouteille, bouteille jetée à l’océan de la vie, ce sera pour ma part, une bouteille en verre solide, celui-là même qui sait si bien emprisonner ces fines bulles de vie et d’envies, ce verre si épais qui retient le bouchon bien aidé toutefois par la fine muselière…. Un bruit sec et détonnant, et voilà la vie qui jaillit, le flot d’écume qui vit, la pétillance qui sait faire briller le regard, la vie qui sort du froid cercueil, fut-il de verre, l’essentiel est dans l’air, dans le vent, dans le temps, d’être vivant…..

Aucun commentaire: