Le temps fuit

Le temps fuit, il parcourt les jours, les semaines et les mois, il compte les années et voilà….Quelques jours encore, quelques dates essentielles pour beaucoup, dérisoires pour d’autres, vive la liberté ! Liberté des mots, des pensées, des idées, liberté de vie, de choix, de choix de vie, liberté j’aurais pu écrire ton nom si Paul Eluard n’était pas passé avant et si une de mes nombreuses maitresses n’eut usé de sa plume et de son pouvoir pour nous inculquer ces quelques vers qui trainent encore dans quelques neurones poussiéreuses de ma mémoire. Poussiéreuse ? Est-ce pour cela qu’on parle de cellule grise ? Le gris est-il une couleur d’ailleurs ? Je crois plutôt qu’il s’agit d’un ni-oui, ni-non, un genre de consensus et d’absence de décision entre le noir et le blanc, positions trop tranchées, actuelle mode de l’indécision. Gris, c’est bien, ça va avec tout. Gris c’est clair que c’est un bon choix, surtout en foncé…. De quoi enfoncer les portes ouvertes du non-choix….. Le blanc est gai et lumineux, le noir est sombre est mystérieux, les deux sont couleurs de deuil suivant les pays…. Comme quoi, le choix de l’un n’est pas systématiquement le choix de l’autre et ce n’est pas pour cela que tout le monde choisit le gris ! Bon, c’est vrai, les gouts et les couleurs ne se discutent pas, mais bon, là encore, je ne suis pas d’accord…. Pourquoi se priver de discussion ? Pourquoi refuser le débat, l’expression de chacun est source d’enrichissement, elle n’est pas ordre de modifier ses choix, car nous possédons tous notre propre personnalité, nos propres sensibilités, et c’est cela qui fait que nous sommes nous tout d’abord, mais discuter, recevoir des avis même contraires, permet de s’enrichir, de réaliser la pertinence des options prises, et souvent, en sortant du cadre dans lequel on s’enferme trop souvent, on prend du recul et on voit mieux la cohérence de l’ensemble. Cela permet alors d’affiner, de réajuster, de se sentir aussi plus maitre de ses choix. Aïe ! Voilà que pointe l’ambigüité…. Plus maitre de ses choix, veut-il dire, que nous ne pilotons plus nos choix ou qu’au contraire, nous augmentons notre maitrise dans nos choix ? Et oui, cerveau de gaucher en ébullition, jongleur de mots et de sens, c’est lui, c’est bien lui, en lettres et en mots, nouvel épisode, le retour, les mots toujours oui, mais après les maux !

Chapitres clos, remise à zéro, et ça démarre…. Exit hier, place à aujourd’hui, terroir de demain et de lendemains.

Bon, histoire de bien vouloir éclaircir le passé et satisfaire votre curiosité, je retourne fouiller la prose ci-dessus…. OUI, j’ai eu de nombreuses maitresses, j’avoue ! Cela a commencé tôt, très tôt, je fus précoce, j’en ai usé au moins une par an, parfois plus, depuis mon entrée dans la vie active, celle plutôt classe qui m’amena à fréquenter ces charmantes personnes dès ma maternelle en fait. Jamais de maitre, comme quoi, il est des principes qui durent, que des maitresses, que des bonheurs, si ce n’est durant la classe, ce fut après, non, esprits mal placés, pas après les cours, non, plutôt dans la vie qui suivit cette époque studieuse, celle de ce fameux monde du travail où l’on mesure avec tendresse combien les années scolaires furent aisées, douces et tranquilles…. Des maitresses oui, car en ce temps-là, rangez vos mouchoirs, elles s’appelaient maitresses et n’étaient pas encore professeurs des écoles, terme fade et technologique dénué de logique. Nous vivons une époque peuplée de balayeur, de femme de ménage, d’ouvrier, d’oculiste, et autres métiers disparus, enfin, non, pas disparus, juste rebadgés sous des appellations plus dans le ton d’une époque où l’on se découvrit la fibre technologique, l’esprit moderne, la mode moderne, celle-là même qui aujourd’hui classe les styles d’alors dans des chiffres anglicisés, les sixties, les seventies…. Mode. Eternel recommencement parait-il. Allez donc demander à votre ophtalmologiste s’il veut redevenir oculiste ? La technicienne de surface veut-elle redevenir femme de ménage ? Peu importe les noms qu’on donne aux métiers, aux choses, l’essentiel est le regard qu’on y porte, l’affection liée. Je garde un souvenir ému de toutes mes maitresses sans exception, celles de ce temps-là…. Autres temps, autres mœurs, on grandit, on vieillit même parait-il, on change, on évolue, le vocable d’hier ne porte plus le même sens, pourrais-je parler de maitresse actuellement sans voir une soudaine brillance aux fonds des yeux, un sourire qui se dessine et une attente forte de l’évocation des souvenirs ?

Pas de soucis, on peut en parler, librement, sans ambages, à quoi serviraient les détours ? Et même, à quoi servirait d’évoquer un passé fut-il récent ? Il est des goûts, comme des couleurs, certains paraissent de bons tons, d’autres dissonants, tout peut être discuté, jugé, apprécié ou rejeté, la seule chose qui compte est ce qu’on fait du discours, non pour faire naitre des fantômes, mais plutôt pour avancer et construire demain. Lorsqu’on évoque le passé, il est des choses égarées en chemin qui fausse l’histoire, il est aussi une vision faite avec le regard d’aujourd’hui, celui qui a muri, celui qui s’est transformé depuis ce temps-là. Dès lors, puisqu’il y a vision erronée, puisque le regard porté est devenu flou, rangeons cela aux oubliettes du souvenir, concentrons-nous sur aujourd’hui, et si le discours se cherche une voie, qu’il aille parler de la pluie, du beau temps, de la neige, des loisirs, des envies, des passions, des personnages d’aujourd’hui, des séjours à venir, l’évocation de cela ne peut afficher que le sourire qu’il sied, l’avenir qu’on prévoit ne peut-être que radieux. Un nom, un prénom, une rue, une date, un lieu, dix mille envies, une vie qui commence, une seule évocation : demain.

Mes maitresses ? Oh, mais vous êtes casse-pied ! Merveilleuses femmes d’un passé révolu et scolaire, c’est avec elle que j’ai appris qu’on pouvait apprendre, se tromper, analyser pourquoi et comment, faire un nouvel essai, et se féliciter de la réussite. L’échec construit et fait grandir. Se tromper, s’autoriser à se tromper, c’est se donner le droit de grandir. Grandir, et changer de classe…. Grandir et changer de maitresse…. On en quitte une, on en prend une autre. Cela dure un temps, le temps des études, l’apprentissage de la vie. Les cahiers sont rangés, un seul est accessible, celui des écrits, celui des mots dits qui ne sont plus maudits aujourd’hui. Les livres sont devenus des amis, ils voyagent entre deux aires, l’étagère et le chevet, certains entre deux ères, histoires de l’Histoire, lues aujourd’hui, d’autres encore entre deux airs, celui plus vicié d’ici, surtout comparé à ma grande bouffée d’air océanique. Les maux ont laissé la place aux mots, il a fallu du temps, des leçons, des réflexions, des doutes, des erreurs, des échecs, des succès, surtout ! Il est un temps nouveau, le temps d’aujourd’hui, celui où le temps cesse de fuir….

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