La course...

Que le temps passe vite ! Trop longtemps déjà que je n’ai écrit ici, quelques lignes, quelques mots, par manque de temps mais pas d’envie, par la faute de ce temps qui nous bouffe et nous pousse à accélérer la course toujours un peu plus, par la faute de cette vie hystérique et prenante, faisant défiler les jours et les nuits à vitesse grand V. Stop, pause, au moins cinq minutes, pour tracer ici quelques lignes, quelques phrases, traduire mon état de vivance, état de latence, état réel dans ce monde parfois bien irréel. Des courses folles, du temps passé à galoper, essayer d’être, essayer de survivre… Changement de rythme, changement de repères, changements tout court…

Qu’il est bon de rentrer chez soi retrouver son monde, même si le masque harassant de la journée tendue a déformé les traits souriants d’un visage exténué par la route, par les affolements permanents du monde professionnel. Qu’il est bon de rentrer chez soi, se changer et repartir bosser un peu sur ces belles occupations, bricolages et autres devoirs de maison… Et bien non ! J’avoue n’avoir rien fait, ou si peu. Pourtant, le chrono s’affole, les dates butées approchent et il va falloir mettre un grand coup pour terminer la Méhari avant de prendre la route des bords de la Loire… Des projets, des discussions, des murs qui bougent, au moins sur le papier, des croquis qui sortent du papier vierge, des idées, des rêves, des morceaux d’imagination, des transformations à venir, à démolir, à rebâtir, prendre de l’espace ici pour le poser là, changer ceci pour cela, jouer au grand architecte, transformer l’habitat anodin d’un catalogue constructeur pour enfin se l’approprier et enfin être chez soi… Facile à envisager, à dessiner… Rester à en mesurer l’ampleur, faire les choix techniques, bouger, décaper, détapisser, repeindre, enduire, s’approprier ce nouvel intérieur, transformer l’âme de la maison pour en faire une maison avec âme, mon âme, ma maison, foyer du foyer, nouvelles idées, nouvelle cheminée, nouvelle âtre pour une nouvelle âme….

Le printemps est là, pluvieux et rieur, à souhait ! Les plantes s’éveillent, se révèlent, s’épanouissent en silence et c’est un drôle de jeu que d’aller le soir observer la nouvelle feuille, la nouvelle fleur, la pousse tendre encore fragile, l’éclosion d’un bourgeon de vie sur ces pauvres rosiers asséchés et sans vie… L’herbe verte et tendre grandit, il va falloir reprendre le rythme des tontes. Le jardin est en retard, faute de jardinier disponible, le bassin à l’eau enfin claire retrouve de la profondeur et permet désormais de suivre le ballet aquatique des poissons brillants. La vie jaillit de partout et de partout jaillit la vie ! Ici les tulipes perdent leurs pétales signe de la fin pour elles, là, le muguet agite ses clochettes, largement en avance sur le calendrier, tandis que les roses gonflent leurs boutons bientôt colorés et éclatants. Et oui, même la nature poursuit sa course, essaie de lutter contre les frimas, poursuit le cycle de la renaissance, allongent sans bruit les jours et les tiges, affûtant là les derniers repères de ce jardin familier qui change toujours et se montre à chaque fois dans une symphonie de couleurs, de senteurs, toujours changeantes, toujours à la fois familières et presque inconnues, exercices de mémoire par excellence, se remémorer comment était telle ou telle fleur l’an passé, essayer de comparer présent et passé, voir dans aujourd’hui la fleur et l’arbre de demain…


Bon, allez, le ciel est gris et pleure à grosses larmes sur nos terres gorgées d’eau depuis hier… Bouh ! et boue ! Mais bon, voilà bien l’éclaircie qui me laissera faire le tour de propriétaire de mon lopin de terre, de mes quelques rosiers et autres plantes, belles plantes, fleuries ou non, herbe grasse et vases vides, poissons étincelants, et puis, cueillons au bûcher quelques bouts de bois pour la flambée régénératrice, celles qui réchauffera mon cœur vide et froid, ce soir, dans cette maison vide…

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