Amitiés trahies

La vie chaque jour nous apprend ses leçons, ses tours pendables, ses bonheurs et ses trahisons. Les amis d’un jour sont les traites du lendemain. Vision négative ? Certes, et il faut l’espérer tant l’amitié est une denrée rare et précieuse, pourtant, la vie nous montre parfois ces travers-là. On aime des personnes, on aime à les retrouver, à partager avec elles des moments de convivialité, de partage, d’échange, on se construit ensemble, on grandit ensemble, on vieillit ensemble, nouant, tissant des liens indéfectibles, et puis un jour, le réveil se fait brutal, la trahison est là, visage perfide révélant la vraie nature des personnes ou alors le faux pas, mais ce faux pas n’est que grain de sable dans la mécanique bien huilée des liens amicaux.

Que faire ? Souffrir, oui, souffrir, accuser le coup essayer de comprendre qu’elle est l’erreur que l’on a commit puisque la première personne qu’on incrimine c’est soi-même, comme si on était coupable de la faute des autres. Serait-ce là les restes de notre éducation, de nos traditions judéo-chrétienne qui font que, tel le sauveur, nous devons encaisser et acquitter tous les péchés du monde dans un espoir de salut éternel ? Encore une fois les carcans de notre éducation place nt devant nos yeux des œillères trompeuses. A quoi bon se sentir fautif des erreurs des autres, des trahisons subies ?

La puissance du ressenti vient aussi de la puissance et de l’importance que l’on donne aux choses. A trop prendre les choses à cœur, on devient électrique, prêt à bondir devant chaque réaction prise comme une agression, qui plus est quand on s’aperçoit que la vie des autres nous échappent pour s’en aller côtoyer d’autres vies, quitte pour cela à piétiner les plates bandes de notre propre jardin, ce bel Eden autrefois partagé avec les amis. A vivre trop fort les choses, à aimer les partager avec son cercle proche, on réagit très mal lorsque les autres se l’approprient sans vous en avoir demandé la permission, sans même vous avoir solliciter à revivre ensemble ces moments de partages dont vous êtes le géniteur.

Comment réagir ? Ignorer et renouer les liens desserrés comme si de rien n’était ? Hum, pas simple, car cela nécessite un caractère en or, une position de martyre, et à trop faire cela on finit par disparaître dans l’autre. Discuter de cela calmement ? Là aussi, cela demande une force de caractère, un mental à tout épreuve et surtout, comme pour tout dialogue, il faut être deux. Sans l’autre point de discussion, sans esprit ouvert, point de discussion positive et constructive. Disparaître pour oublier ? La solution de facilité qui ne permet pas de grandir soi, même si elle parait la plus apaisante, car fuir, éviter l’affrontement, c’est aussi refuser le pardon, la discussion, refuser de permettre l’explication, se mettre en position de refuser tout écart de parcours, dévoiler à la rigidité de sa vie, une rigidité cassante, qui n’aide pas à la progression, à la construction de soi. Je ne dis pas qu’il faut tout encaisser et tout pardonner avec le sourire, non, mais il faut savoir tout de même accepter les travers des hommes et admettre que la vision idyllique que nous avions d’un ami n’est que le reflet de notre imagination et non pas la réalité qui finit toujours par transparaître.

De ma vie, j’ai connu cette vision idéalisée et trompeuse des choses, j’ai pris des attitudes rigides, jouant le personnage qui n’a jamais tord qui fuit et qui s’emmure dans son mutisme rassurant pour soi, mais finalement étouffant car il bloque la construction du personnage que nous sommes. Par la gestion d’équipe, j’ai découvert qu’un groupe d’individu n’est qu’une somme d’individus différents, une multiplication de problèmes, une division permanente dans l’équipe, une soustraction de bonne volonté en continue. Drôle d’algèbre qu’il convient de réussir à mettre en équation pour arriver à en sortir le dénominateur commun, et ou la propre inconnue du système n’est autre que soi-même. Le management consiste à stabiliser en permanence ce système instable, jouant sur certaines valeurs, canalisant ou isolant d’autres variables, traquer l’instabilité, la troquer contre une valeur commune qu’il faut alors changer en motivation pour élever l’ensemble à la puissance supérieure. Pour cela, il faut savoir écouter sans réagir, laisser parler, mettre en confiance l’autre, l’amener sur son propre terrain, le laisser dévoiler son argumentaire, sans paraître affecté, prenant le masque du sourire car cela déstabilise bien plus que la colère explosive qui démontre simplement la faiblesse. A chacun son temps de parole. Lorsque le sac sera vidé, il suffit de prendre point par point l’argumentaire et de le démonter, calmement, sans hausser le ton, au contraire même, parler d’une voix douce et apaisante, jouer sur les silences qui, bien placés, deviennent plus percutants que les mots. Ces temps d’arrêts laissent en attente le cerveau de l’autre, le mette mal à l’aise par la maîtrise qu’il induit de votre discours.

Oui, je sais, c’est facile à dire, mais essayez à l’occasion, et vous verrez le résultat. Oh ! Ça ne vient pas du premier coup, ça se travaille, mais cette technique bien maîtrisée donne de bon résultat, l’assurance de soi et surtout , vous valorise aux yeux de votre adversaire, ce qui permet de retourner la situation à votre avantage. J’avoue m’amuser à cela dans mon équipe, comme dans bien des situations, ce soir encore, en réunion randonnée, ou j’ai pu retourné une situation à mon avantage, en dépit de la trahison d’amis proches, se croyant obligés d’aller marcher à ma place pour finaliser un parcours sur lequel je travaille depuis quelques temps. Ce n’est pas d’aller marcher qui est regrettable, les sentiers sont à tout le monde, non, c’est qu’après y être allés en bande, ils y retournent avec d’autres en oubliant de nous le proposer… L’investissement dans le projet, les heures passées à finaliser le tracé, à marcher ensemble sur le terrain, font que ce tracé là, sorti de mon cerveau, est mon bébé, ma randonnée, pas comme si cette randonnée-là était reprise d’un de ces bouquins comme il en existe tant… Un vol presque, plus qu’une trahison, surtout un manque de respect, de savoir vivre, de savoir être, un manque d’amitié tout simplement.

La vie se charge d’éclaircir les liens réels de l’amitié. Au fil des épreuves, les liens se déchirent, disparaissent, seuls les vrais amis subsistent. A quoi sert le nombre quand un seul ami est suffisant à notre bonheur? Du combat et des blessures reçues, on se relève épuisé mais grandi. On perd des batailles, mais on gagne la guerre de la vie, la seule qui compte. A condition d’accepter d’aller au combat, à condition d’être soi, victime peut-être, mais certainement pas coupable. L’amitié se mérite, elle ne se donne pas, elle se prend, et s’entretient mais surtout, elle s’échange car ce n’est pas un lien à sens unique.


Lien rare et vivant, qui ne s’enferme pas dans des carcans, l’amitié est une porte ouverte sur la vie, pas sur le profit. Perdre un ami est douloureux surtout dans l’incompréhension de la trahison, mais il faut savoir avancer, se renforcer, guérir de l’épreuve pour grandir soi là ou les autres n’ont pas su grandir. Pas simple, pas facile, mais essayons !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Beau sujet encore une fois... les vrais amis nous savons très bien que nous ne pouvons les compter que sur les doigts d'une main... il y a les simples relations, les copains, les amis et les purs amis... ceux avec qui nous sommes certains de traverser la vie sans subir le moindre nuage.. ceux qui nous sont essentiels comme nous le sommes aussi pour eux... personnellement je n'en connais que deux (un homme et une femme). Ils sont chers à mon coeur, m'acceptant comme je suis... Hélas je ne peux les "pratiquer" que trop rarement à mon goût.. l'amitié me manque je voudrais multiplier les "conquêtes" amicales pour me sentir toujours en équilibre, moins seule, si l'un manque à l'appel l'autre peut le remplacer... hélas ce sentiment est aussi difficile à "capturer" que l'amour, qui me manque également... j'ai tellement à donner... mais ce n'est pas le sujet..
Elisa

Anonyme a dit…

l'amitié grand sujet faciele t difficiel à la fois se donner par envie sans rien attendre en retrouqu'une amitié sincère et réciproque quel bonheur mais la vie fait que les êtres changent d'éloignent pas toujors volontièrement. une vraie amitié est enrichissantee t des plus agréables

belle amie

Didier a dit…

L'amitié est une fleur bien fragile.
Parfois elle meurt encore en bouton,
parfois elle s'étiole et disparait,
parfois elle fleurit eternellement.