Bois de chauffe

Un week-end se termine, retour au calme et à la solitude du dimanche soir, retour dans les murs familiers, après avoir passé le plus clair de ms journées dehors, travaux obligent. Ce week-end, se fut donc opération bois de chauffage, des bûches de chênes, en deux mètres de long, recoupées en morceaux de cinquante centimètres, refendus pour certains, le tout devant la porte, entre portail et cuisine, empilage forestier de futures flambées. Du bois qui chauffe plusieurs fois : une fois en le débitant, une autre fois en le rangeant, une autre fois dans la cheminée. Plaisir du feu, certes, mais on oublie parfois les étapes précédentes lorsqu’on pose la bûche dans le foyer… vingt stères livrées, vingt stères à débiter, puis à ranger. Mon père, était venu dans la semaine se charger du tronçonnage, le tout en deux jours… Je suis toujours en admiration devant cette force herculéenne, cette puissance de travail, cette force et cette énergie caché dans cet homme. Je me rappelle même, des fois ou nous allions aux champignons, lui et moi. Lui, sa hanche le faisait souffrir, moi, je faisais pas mal de sport, des randonnées, et pourtant, je tirais la langue à essayer de le suivre… Trente et un ans que cela dure ! Samedi encore, il est venu m’aider à charrier le bois, et bien, même là, je n’arrive pas à suivre la cadence.

Mon neveu était là, depuis vendredi soir, dans ses week-ends escapade dont il sait profiter, mais il était plus préoccupé par les jeux sur le pc que le travail du bois… Il a bien raison, l’enfance est un bien précieux que beaucoup cherchent à vous voler, et il faut savoir se construire en respectant ces moments clés de la vie. Drôle de complicité entre ces êtres d’une même famille, drôle de vies croisées, décroisées, dans des lieux pas si communs. Voilà, mon samedi est passé au bois, aux bois, rangement des bûches, sans les compter, alors que la maternelle nous a pourtant appris à compter les bûchettes, rangement et parfois construction subtile de pile de bois, croisement stabilisateur des morceaux de bois, à la recherche du morceau qui viendra bien consolider le tout, se prenant là pour le grand architecte des temples ou des cathédrales. Musculation à domicile, de quoi se retrouver le soir en état lamentable, entièrement cassé, comme sortant d’une grande moulinette aux rouages de chêne… Ciel très bleu et soleil chaud pour se samedi, ombre rafraîchissante du bûcher, tiens, d’ailleurs, je suis peut-être le seul à remarquer la fraîcheur du bûcher ! Pourtant, lorsqu’on se retrouve au cœur, au milieu des courants d’air chargés de l’humidité du bois encore vert, je peux vous certifier que c’est là une vraie climatisation ! Repas en tête à tête, discussion d’hommes ou presque, soirée télévision et complicité, et sommeil réparateur. Enfin, pas tout à fait, à avoir mal de partout, le moindre mouvement, même dans un très bon lit, n’est que réveil de douleur et épreuve physique…

Dimanche, un peu de sommeil, un temps plus gris et plus frais, quelques bûches à finir de ranger, et puis, grand nettoyage, ramassage de la sciure, des brindilles à broyer, tout remettre en ordre, redonner au devant de porte son allant habituel. Et puis, un temps pour les devoirs, à faire, à aider, à commenter, et puis, vient le temps cruel de la séparation, du retour dans le monde du lundi, retour en Méhari, avec sa suspension toute neuve, discussions encore, complicité comme toujours, regrets de n’avoir pas eu plus de temps à m’occuper de lui, mais mon bonhomme grandit bien, il sait que dans la vie, il y a des passages obligés, des étapes plus dures que d’autres… Mais bon, pas de soucis, on s’appelle et puis, il reviendra !

Retour au bercail, repas vite avalé, quelques lignes ici, pour raconter cela, quelques mots, et mes muscles qui réclament du repos… Allez, un bon bain, et ça ira mieux, j’espère ! Mauvais temps annoncé pour la semaine, ce n’est pas grave, le bois est rentré !

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