pensée

Est-ce par manque de confiance en soi que la société actuelle tend à tout vouloir étiqueter, cartographier, classifier ? Serait-ce la fin du monde proche qui nécessite cette approche mormone, comme si le grand créateur de l’univers avait commandé de recevoir tout ce fatras de population dans des wagons savamment triés, classés, ordonnées ? Image qui fait frissonner et parcours la moelle épinière, mais à l’heure où d’aucuns diffusent une exécrable pensée révisionniste, il serait bon de rappeler les travers de notre histoire. A l’heure où le monde politique focalise sur les tensions turques à propos du génocide des arméniens, il serait bon de se rappeler combien d’opposants nos ancêtres ont massacré, parce qu’ils étaient juifs, parce qu’ils étaient protestants, parce qu’ils étaient cathares et parce que nous étions catholiques et qu’en bon chrétien, le commandement « tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens » devint justification divine à accaparation des richesses. Religion, ambition, politique, autant de tête d’un même serpent qui aveugle, enserre, étouffe et commande. Des religions qui prêchent l’amour et qui se développent dans la haine, convertir ou tuer, et même si les tables de la loi comportent en un cinquième commandement « tu ne tueras point » les petits caractères du contrat divin devaient être du genre « sauf ceux qui ne sont pas de ta religion » pour en être ainsi bafoué.

Comme beaucoup, je dois à ma famille, à mes racines, à mon éducation mon parcours religieux et forcement avec lui, parce que vivant dans un état laïque aux fondations chrétiennes, des bases de morales et des formes de pensées bien serrées dans ces carcans religieux. Comme beaucoup, aujourd’hui l’esprit s’apaise et trouve sa route dans les philosophies orientales. Je dis bien philosophie et non religion, car c’est la part que je prends aujourd’hui dans les lectures, tout comme c’est l’approche historique qui m’intéresse dans les livres anciens dont le best-seller reste la bible. Je n’ai pas besoin de me convertir, ni même de m’encarter dans tel ou tel courant, libre penseur je suis, homme libre je suis et je fuis la pensée unique, l’absence de débat, la théorie du nombre, l’imposition par la majorité, nul homme n’est maitre absolu. Je n’ai pas l’intention d’opposer à des textes publiés, des démonstrations point par point de leur salubrité, je n’ai pas envie de construire la force d’opposition de toute actualité parce que chacune d’entre elle, repose sur un fond de vérité, fusse-t-elle celle de son auteur. On ne grandit pas en s’opposant aux autres mais en trouvant sa voie. One vit pas pour plaire aux autres mais pour se plaire à soi, la plus belle des rencontres que l’on peut faire dans sa vie, c’est se rencontrer soi. Que nous aillons besoin de Dieu ou pas, de Dieux ou pas, mais au fond, Dieu n’est-il pas cette part de soi que nous avons peur d’affronter et de regarder dans le blanc des yeux ? Et si Dieu n’était qu’un miroir qui permet de regarder au loin simplement parce que notre presbytie nous empêche de bien voir de près ? Presbytie, presbytère, le jongleur de mots que je suis ne peut s’empêcher de sourire à cette proximité linguistique. Sommes-nous donc si presbyte pour avoir besoin d’un miroir à focaliser afin d’inspecter notre propre être ?

De tout temps l’homme a eu recours à cet adversaire invisible pour exprimer sa colère, y concentrer ses énergies, ses peurs, ses prières, ses ressentiments. Parfois même, il fut nécessaire d’affronter une armée de divinité, dieu de la pluie ou dieu du soleil, dieu des vents, dieu du commerce…. Que voulez-vous, les récoltes n’étaient pas en phase avec la météo et l’homme ne pouvait pas en être coupable, n’est-ce-pas ? Alors on prie pour avoir beau temps, puis on prie pour avoir la pluie, puis on prie pour avoir du vent qui séchera la terre, puis on prie pour vendre la récolte…. Facile, simple et efficace, il suffit après cela de s’en aller travailler les champs le cœur léger puisqu’on sait qu’il fera beau, qu’il va pleuvoir ou bien venter…. Un peu de bon sens, un peu d’observation, le calendrier des champs respecte celui de dame nature, avoir foi en soi, avoir confiance en soi et être soi, là sont les vraies sources d’énergies. Il n’y a nul sacrifice à faire, il n’y a nulle peur dans l’autre à combattre, quelle que soit la couleur de peau de cet autre, ses opinions, ses richesses. D’ailleurs, en tout début de chrétienté, ce début qu’on célèbre par la nuit de Noël, n’est-il pas question d’une naissance d’un petit enfant juif dans une étable ? Et, quelques jours plus tard, n’est ce pas quatre princes arabes qui se mirent en chemin pour apporter leurs offrandes ? Quatre ? Oui, l’histoire ne s’attarde pas à celui qui s’est perdu ou qui peut-être à renoncer, aurait-il eu une vision prophétique des futurs croisades venant massacrer son peuple ? Le sang est notre liquide de vie, le notre, celui qui coule en nos veines, ce n’est pas la vue du sang de nos « adversaires » qui nous fera vivre mieux. La pensée est un long fleuve capricieux, elle a besoin que l’on en conduise le cours, que l’on entretienne ses berges, que l’on en extrait les déchets.

3 commentaires:

Mo.F a dit…

remue méninges comme d'habitude ...mais plaisant et léger. Je retrouve encore des phrases qui semblent sorties de pages manuscrites familiales sur la nature et les rythmes des paysans d'antan: chez moi ils étaient viticulteurs .. J'aime bien...Mo.F

Didier a dit…

merci.
Les miens étaient métayers, de ferme en ferme sans jamais être vraiment chez eux, du temps où la seule horloge était tout étant solaire que laborieuse....

Le sens vrai, le sens bon, le bon sens tout simplement.

Mo.F a dit…

originaires d'Ariège, mes ancêtres paternels ( brassiers donc payés à la tâche d'après les registres de l'époque de la Révolution) partirent aussi vers les terres plus hospitalières du Languedoc comme métayers réussirent à devenir petits propriétaires et furent ruinés par la maladie de la vigne: mon père apprit le métier tout jeune mais décida tout autre chose ensuite...et la famille fut transplantée bien plus tard sur Paris. Dans ses mémoires on retrouve toute cette jeunesse qu'il avait enfouie...au point de perdre totalement son accent...Ma mère le garda toujours mais là c'est une toute autre famille avec une toute autre histoire..Ces gens là m'ont construite telle que je suis et avec mes contradictions que j'accepte: je leur en serai toujours infiniment reconnaissante Mo.F