c’est quand qu’on va où ?

Petit aparté personnel au cœur de l’impersonnel. Pourquoi ? Parce qu’à la lumière des dernières étapes de la vie, parce qu’à tenter d’ouvrir les yeux et de bien vouloir voir, je réalise combien les miroirs sont parfois déformants, et combien on ne peut percevoir l’image perçue par l’autre que lorsqu’on accepte de la percevoir. Percevoir et non prendre, car comme toute image, le parcours de l’œil à sa traduction électrique au cœur de notre cerveau passe par une multitude de filtres, de transcodeurs, de décodeurs, de peurs aussi, n’oublions rien. Alors oui, on est soi mais on est perçu peut-être autrement, et puis on interprète autrement, et la somme de ces peut-être fait que la différence nait. Interprétation ou erreur d’interprétation, même combat, on s’écarte du sujet, on s’éloigne, on part vers l’inconnu, et comme on a peur de l’inconnu, on prend peur au lieu de se poser, de chercher à comprendre, à voir, à savoir pourquoi on renvoie cette image. Le premier réflexe devant l’incompréhension est le rejet. Alors on rejette, ou bien, parce qu’on ne veut pas blesser, parce qu’on ne sait pas dire non, on se rejette, enfin, on s’exclut, on s’isole, et on se dit que non, on n’est pas comme eux, non, impossible d’être de ces êtres là, impossible de faire partie de cette humanité, non, on ne peut être que martien, extra terrestre à la dérive, perdu loin de son monde et parcourant cette terre, à la recherche de soi, à la recherche de l’autre, travail de sociologue qui observe et note sans se poser, sans comprendre qui il est.

Mais voilà, pas si simple, on ne choisit pas de s’exclure, pas plus qu’on ne fuit ses peurs. Non, on est là, humain avant tout, dans toute la dimension de son humanité, avec la force de ses faiblesses, la correction de ses erreurs, la première des corrections consistant à les reconnaitre, à les comprendre, à en faire une force par la leçon ainsi apprise. Mea culpa ! Je ne suis pas martien, ni même extra terrestre ! Même si j’aime l’océan profondément, ce n’est pas dans ses profondeurs que je l’aime mais dans le plaisir qu’il me procure, les énergies qu’il me donne, mes deux pieds enfoncés dans le sable, ce sable d’un ocre particulier que je sais reconnaitre de loin, ce sable qui n’est que ces fragments qui séparent la terre de l’océan, et puis même, l’océan recouvre la terre, je suis terrien. Non, je ne suis pas que terrien, car la terre ne serait rien sans les étoiles, sans le ciel, sans les nuages, sans le soleil, sans la lune. Je suis vivant. Un être vivant. Et non, je ne suis pas perdu, et oui, j’entends les remarques, les retours, et oui, j’apprends, papillon tout neuf sorti de sa chrysalide, j’observe toujours, soit, mais je m’observe aussi. Je vis. Sans attente. Attendre c’est bloquer ses pensées sur un seul point de la carte, ne regarder que cette porte qui peut-être ne s’ouvrira jamais en oubliant de voir qui tape à la fenêtre, en oubliant d’évoluer et de grandir dans toutes les dimensions du vivant, ces dimensions qui vont bien au-delà des dimensions géométriques, et même si nous autres pauvres occidentaux avons perdu toute mesure de ces dimensions non mesurables, il est encore quelques chamans modernes qui gardent leurs sens en éveil et qui j’en suis sûr éveilleront le monde bientôt.

Oui, je réalise combien en m’excluant de la vie vraie j’ai perdu de vraies occasions. C’est ainsi, c’est fait. Regret ? Oui, mais à quoi bon ? Le passé ne se rejoue pas, il appartient au passé. Aujourd’hui est autre, demain sera. Désolé pour les fenêtres non ouvertes, désolé pour la mauvaise vision, les routes croisées se recroiseront si elles doivent se recroiser, notre destin nous appartient, mais il n’y a jamais de coïncidences, juste des rencontres opportunes qui viennent nous aider à franchir un palier, à trouver la réponse à une question que parfois nous nous poserons bien plus tard. C’est marrant non d’avoir la réponse avant la question ? Enfin moi je trouve, surtout lorsque la question tombe et qu’on se dit : « drôle de incidence, justement l’autrefois on m’en a parlé ». Donc, 2012, nouvelle année, nouveau départ ? Non, une suite, même si la vie n’est plus la même, et puis, vive la vie, vive l’humanité, vive la richesse de notre monde, celui de nos êtres tout en oubliant les avoirs. Désolé pour les incompréhensions générées, la soucoupe est partie, les martiens existent-ils ? En tout cas, moi je sais qui je suis, et ça c’est le plus important. Les joies simples d’une vie sont aussi simple que ces pages de convivialité que nous écrivons lors des vraies rencontre, lors des vraies échanges, les moyens modernes nous ont gavés de méthodes et d’outils de communication dits modernes, ils n’ont fait qu’amplifier l’incommunication, ils n’ont conduit qu’à notre isolement. Arrêtons la machine, sortons respirer, une marche sous le soleil tout comme sous la pluie apporte bien plus de plaisirs que des messages mal compris. Et puis, la nature, les bêtes, les traces, les êtres n’ont pas de clavier pour vous communiquer leurs émotions, pour apaiser vos états d’âmes. Et puis, marcher, parcourir, visiter, discuter c’est quand mieux en vrai, dans la vraie vie, non ?

Alors, c’est quand qu’on va où ? (Juste pour reprendre un titre de monsieur Renaud Séchan dont je reste fan)

A l’époque des résolutions, à chacun les siennes, non ?

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