Ecran noir et nuits blanches

Si j’osais paraphraser le maitre toulousain, poète national au verbe aussi haut que la rocaille mélodieuse de son accent, le seul qui soit dûment estampillé 100% occitan, validée par la capitale de la terre d’oc, Toulouse, la ville rose bientôt troisième de rang, si j’osais donc écrire les mots qui coulent dans mes neurones aux sons des chansons du plus médiatique de nos troubadours, hélas disparu, je pourrais écrire quelques vers en dévers sur le papier blanc, écriture italique sans ambages ni frime, texte anodin et anonyme, jeu de mots et de rimes, mots non solennels aux accents de soleil, j’écrirai tout d’abord je pense :

sur l’écran noir de mes nuits blanches, ou plutôt, sur l’écran blanc de mes nuits noires, ou défile le cinéma, tu me plais, je te plais, entrons dans la danse, et afin de rentrer bientôt en transe, venons-en aux mains, celles qui préfèrent courir sur le clavier plutôt de se risquer à frôler la moindre réalité, entrons dans la salle, celle des débats, des bas rarement des hauts trop vite pris en défauts, entrons ici et faisons connaissance, tu me plais, je te plais, jouons à se séduire, il faut savoir appeler un chat un chat, et même si l’accent roule en tchatte, nous autre ici, on tchache depuis si longtemps qu’on ne sait plus pourquoi le web est venu nous piquer nos vocables, si ce n’est par envie de s’approprier notre Occitanie ? Et voilà une joute qui s’engage, des mots, des exclamations venues d’outre atlantique pour exprimer qu’on peut mourir de rire, rire aux larmes, mais il est si vrai que la mort fait aussi pleurer. Bien sûr on peut aussi péter de rire, sans l’aide du national cassoulet, avouez tout de même que cela est de la balle, un endroit où l’on peut parler, draguer, flirter, et même peter sans que cela soit malvenu ou encore déplacé !

Sur l’écran blanc au cœur de la nuit noire, se dessine des destins, des desseins, des dessins, des dessins animées aux noms imprononçables, des seins animées par la magie de webcam, ces minuscules cellules qui viennent pomper dans l’intimité d’une chambre une intime personnalité qui se dévoile à des kilomètres de là, quand ce n’est pas sur le même palier…. Car la magie du web est bien là, on peut aussi bien parler à l’autre bout du monde qu’à son propre voisin de palier, le monde est assez fou et assez déconnecté de toute réalité pour cela.

Sur l’écran noir de mes nuits blanches, j’imprime des phrases et des phases précédemment dessinées sur l’écran blanc au coeur de la nuit noire, jusqu’au moment ou le coq supplanté par la pendule s’en vient comme quatre boules de cuir marteler la tête boursouflé par le sommeil enfuit dans des connections intermittentes avec d’autres intermittents du spectaculaire essor des connexions nocturnes, cœurs solitaires ou esseulés, malades en tout genre aussi hélas, il est des dragons qui chassent encore les mêmes proies, déroulent les mêmes pièges, avec la froideur calculatrice, le geste peaufiné par des années de sévices au service de leur cause perdue, il est aussi des abusés, des amuseurs, des amusés désabusés, des quasi sociologues à défaut d’anthropologue qui viennent puiser là le nectar d’une société encline au déclin, d’un monde qui perd sa réalité dans la virtualité si emberlificotée.

Sur l’écran noir de mes nuits blanches, le cinéma n’est pas toujours rose, la quête n’est pas la même et les espoirs souvent déchus, la multiplicité des contacts fait croire au gain d’un temps bien dilapidé, efface l’espoir de bons moments partagés que seule la rencontre dans le monde vrai sait générer. Rencontre, moment de vérité, l’instant ou le personnage se dédouble du portrait, opération de démoulage plutôt lente et délicate, il en est qui n’y survive guère, à trop user de subterfuges, à trop se croire acteur de sa vie, à trop se perdre dans le jeu de costumes mal taillés, on se retrouve mis à nu le moment venu. A quoi bon inventer ce qui n’est pas ? A quoi bon vouloir faire rêver ? On est comme on est, le but n’est pas de plaire à la multitude, pais de trouver les yeux qui brilleront et vous feront briller. Ëtre soi, vrai, franc et sincère, c’est un paiement cash, sitôt délivré, sitôt reçu, gain de temps absolu, ça passe ou ça casse. Encore faut-il éteindre l’écran, bien vouloir quitter le confort de sa loge, oser rencontrer le vrai, risque d’être déçu bien plus que de décevoir, risquer sa vie, presque, car une belle étincelle peu mettre le feu aux poudres.

Alors éteignons l’écran, qu’il devienne noir, que la nuit soit blanche sous les mots de la discussion, et si l’aube signe le crépuscule de cette épisode, sachons alors tourner la page, changer de paysage, regagner l’autre rive, celle qui verra naitre le jour plus bleu, plus beau, celle qui nous verra plus fort. Sur l’écran noir de mes nuits blanches, plus rien ne s’affiche désormais, la vie est là, elle reprend ses droits, exit l’imposture trop réelle de tout ce virtuel. Il n’est de vie que dans la vie, il n’est lueur que dans la lumière, qui s’enferme dans le piège virtuel, risque de finir d’y perdre toute réalité…. J’ai rêvé d’un autre monde, où la lumière serait blonde, désormais, je rêve réalité, à la recherche d’une étoile, mais dans la seule magie du monde vrai…. Bon, ok, pas de quoi prendre le téléphone, mais il est des mots ainsi qui murmurent des textes, des idées qui s’envolent en musique, des chansons trop ancrées dans la tête pour ne pas venir les tutoyer.

Inspiration plutôt que respiration…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

voici donc pourquoi tu aimes tant tourner les pages après avoir eteind
l'écran noir des tes nuits blanches

surtout concrétiser les webcam pour tester les capacités d'allumage d'étincelles

belle amie