Les promesses de juin

Les promesses de juin sont d’étranges maitresses, elles s’en viennent brillant de mille feux au point de vous faire fermer les yeux puis lorsque vous les rouvrez, d’elles ne subsiste qu’une poussière d’étoiles aux accents de lune. Ce diable de mois de juin ne sait sur quel pied danser, il balance entre un mai de printemps et un juillet estival, il rêve et fait rêver aux grandes chaleurs mais ses jours trop longs à porter ne sont que pleurs d’ennuis. C’est d’autant plus dommage, qu’on se plait à profiter des longues heures de luminosités, de ces soirées longues appelant à la paresse ou à l’ivresse de mille senteurs du jardin, la table, les chaises, le hamac sont de sortie, il ne reste plus qu’une douce température pour que s’y berce d’agréables lectures. Hélas, juin est aussi un assassin, il tue dans l’œuf nos envies de douces quiétudes, il déverse ses flots sur nos jardins à peine repeuplés, il nous fait douter de nos plants de tomates pourtant mis en terre avec l’eau à la bouche des futures salades. Non, franchement, juin, rien ne va plus.


L’hiver et ses frimas, le printemps et ses allers retours, le manque de lumière, le rythme de nos vies, l’approche de l’été et certainement la tête un peu aux vacances, tout se conjugue pour ne plus avoir envie que de chaleur et de détente, de goûter enfin aux bienfaits de passer du temps dehors. Le mois de mai est vite traversé, il faut dire qu’il est peuplé de ponts à emprunter, et puisque nous voici déjà en juin aux portes de l’été, et bien ciel ! Donnez-nous donc cet été tant réclamé ! De la chaleur ailleurs que devant la cheminée, des couleurs, des odeurs, de la lumière autrement qu’en ciel gris-noir, et s’il pleut, qu’il pleuve vite et fort comme ces orages d’été qui sont si bons à caresser sans parapluie. Les éternels insatisfaits que nous sommes n’en peuvent plus d’attendre, et même si nous ne revêtons pas encore le masque et les palmes, le besoin de trainailler dehors sans couverture se fait bel et bien sentir. Ce n’est pas tout de promettre, il faut aujourd’hui satisfaire, tout de même, ce n’est pas demander la lune….


Soyons clair, ceci n’est pas un chant à l’été, ni même une pétition contre la pluie, chaque chose en son temps et un temps pour chaque chose, laissons juin prendre ses aises entre pluie et été, non, ce qu’il serait bon, c’est d’avoir juste un peu de chaleur le soir, histoire de profiter de ces jours qui chaque jour trainent un peu plus en longueur. Ecchymose. La nuit se pare en jour jusqu’à des heures indues, pourtant elle nous retient chaque matin dans les griffes de l’aube, nos corps se distendent à ne plus pouvoir résister mais hésitent entre le trop tard et le trop tôt. Paresse et fatigue, étrange duel d’un duo se trouvant dos à dos. Cernes. Le trop court d’une nuit se dessine chaque jour un peu plus sur nos visages pâles de futurs estivants sans savoir si ces plis sont les creux du jour qui se lève ou bien les pleins de nos envies de saison. On se retrouve cernés par ces deux opposés pas si contraires et du coup, nous voici concernés. Il est un usage bien établi qui veuille que l’été s’en vient à l’heure du solstice et que ce solstice soit purificateur, peut-être est-ce là les raisons de nos impatiences, oui, notre envie de régime ultime, enfin se débarrasser de nos mauvaises ondes, s’alléger et renouveler nos énergies par la grâce de cette bascule, le jour cesse de battre, peu à peu il s’en ira décliner pour laisser chaque jour un peu plus la place à la nuit. Qu’elles que soient nos croyances, étatiques ou religieuses, spirituelles ou rebelles, nous sommes tous enfants de la terre et du cosmos, et si comme des enfants rebelles nous courons dans tous les sens, il est ainsi quelques dates qui nous offrent les occasions uniques de fortifier nos liens.


Quoi qu’il en soit, il n’est nul besoin de hamac, de chaise longue pas plus que de banc. L’herbe tendre et odorante se révèle un siège douillet pour venir s’y asseoir quand vient le soir. Sentir ce monde végétal entre ses doigts, oser planter ses racines dans cette terre, se laisser aller à la méditation parmi ces sensations premières, puis, quand vient la nuit, lever la tête vers le ciel et voir peu à peu la voute s’éclairer, une à une les bougies se plantent dans le plafond puis allument un point, certaines vont même jusqu’à s’aligner et suggérer les traits des constellations très connues de notre enfance, qu’elles soient chariots ou petite et grande ourse, ce sont les étoiles qui tissent nos antennes entre nous et le ciel. Nous voilà résultante et trait d’union entre ciel et terre. Nous voilà raccorder à nos domaines d’énergies. Nous voilà tout petit à l’échelle du monde, et de cela, nous pouvons tirer la relativité de la faiblesse de nos problèmes. Les impatients que nous sommes deviennent des patients qui apprennent à se soigner, n’est-ce pas là notre essentiel et la magie de la vie ? Alors, les promesses de juin…..            



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