Un
autoportrait lorsqu’on aime écrire, ça s’appelle une autobiographie. Un
autoportrait, lorsqu’on aime sourire, ça s’appelle un portrait de voiture… Et
là, je me suis fait doubler par la Fabrication Italienne d’Automobile de Turin
plus connue sous l’acronyme de « FIAT » qui dans sa dernière campagne
publicitaire dresse l’auto portrait de sa nouvelle FIAT 500. L’herbe coupée
sous le pied sent bon l’humour et la jovialité, revenons donc à nos moutons et
tandis qu’ils paissent dans les prés comme pourrait le dicter un Topaze né de
la prose de Marcel Pagnol, reprenons le sujet à sa base.
L’autoportrait
s’appelle donc autobiographie à l’écrit, mais pourquoi donc ce changement de
nom ? Peut-être bien parce qu’il en est différent, et si les arts
graphiques figent dans l’immortalité l’instant, l’écriture peut glisser au
travers des lignes bien des phases malignes d’une vie qui sans cesse se
remplit. De mot en mot, ce sont des rebonds d’idées, d’images, de sons qui se
mettent en prose, s’imbriquent, et loin d’emmurer une vie dans sa tour
d’ivoire, ces murs sont ceux d’un trinquet ou mieux, celui d’un vaste fronton
offert au monde, ouvert aux mondes, un fronton qui renvoie les balles, laissant
rebondir une idée d’une autre idée, ajoutant l’anecdote comme une antidote à la
morosité, comme le sel d’une vie, comme le piment indispensable à la vie.
L’écrit va plus loin parce qu’il a plus de temps, parce qu’il explore plus
librement les couloirs du temps, parce qu’il n’est pas figé dans un trait, non,
son trait est continu dans l’espace-temps, il ne soustrait rien, du moins tant
que la main dicte ce que la pensée dicte, mot à mot les images s’empilent et dessinent cette
grande bande dessinée. L’autobiographie en fait, c’est une succession
d’autoportraits, d’une personne prise en plusieurs instants de sa vie, de
plusieurs personnes prises aux plusieurs rencontres de leurs vies, l’écrit d’un
trait se fait de ces traits de caractères et de leurs intersections à jamais.
L’autoportrait,
au fond, c’est un drôle d’exercice, quand bien même il s’appelle
autobiographie, un défi, certes, à relever, oui, comme toujours…
Prenons
une feuille d’environ un mètre sur deux, non, soyons plus modeste, un simple A4
suffira, et même moins, je n’aime pas écrire trop gros. Au centre de la feuille
il y a ce vide, si blanc, si livide qu’il vous met mal à l’aise un court
instant, qu’il en fait fuir le crayon au point qu’il se réfugie dans l’angle
tout en haut sur la gauche, normal pour un gaucher, disons que c’est plutôt là
une contrainte de droitier. Par quoi commencer ? Le début est ici souvent
cité, et si t’es pas d’accord, il suffira que tu glisses de quelques lignes
pour lui tourner le dos, mais serait-ce alors une pirouette ? De toute
façon, on ne voit bien que face à face, les yeux bien en face des trous selon
l’adage populaire, nous portons tous un masque que l’on le veuille ou non. Les
yeux ? Ils sont sombres cela ne veut pas dire que le regard est sombre,
non, le regard est plutôt rieur, un brin malicieux, et sans trahir les vécus
des passés, je dirai apaisé. Le regard ne fait pas le portrait, mais le portrait
est fait du regard qu’on y porte, il attire l’œil, parfois même d’un regard
magnétique. Allons plus loin. Plus loin, il y a le nez, un nez comme un nez, un
nez dont on nait avec et qui grandit avec nous, se plisse et se ride aux grés
de nos émotions, un inséparable compagnon de routes, il pointe toujours le bout
de son nez. Rouge ? Non, ça c’est le béret, souvent de sortie lors des
sorties de randonnées, à pied ou en raquettes, parfois en ski… Une bouche, des
oreilles, pas de quoi s’attarder, la bouche apprend à se taire, les oreilles à
mieux écouter, transfert de compétence, la vie est ainsi faite parfois. Un
visage ni trop long, ni trop court, ni rond, ni carré, l’ovale oui, nous sommes
en terre d’ovalie. Des cheveux, oui, noir et profond comme ils me furent
attribués, j’ai dû surement prendre du grade car de-ci, de-là, quelques poils
raides et blancs s’en viennent tenter d’envahir ma toison. Le noir l’emporte
toujours et résiste tout en ayant pris mesure de ce combat inutile. Au fond, il
n’y a pas là de quoi s’arracher les cheveux, pas plus que de les couper en
quatre. Voilà le portrait est esquissé, dans ces grandes lignes, d’ailleurs
c’est assez marrant de prendre systématiquement le visage comme base de
portrait…. J’aurai du mettre ma feuille en paysage, le sens naturel, après
tout, nous avons les yeux sur la même horizontale et non point en vertical. Et
puis, je préfère les paysages, larges, ouverts, sentant bon les effluves des
embruns au séant de l’océan, sentant bon la pinède dans la forêt landaise ou bien
dans les bosquets de la Clape, ces grands paysages, ces riches endroits, où
l’œil ne se pose jamais, il butine simplement les nectars des mille trésors
parsemés, au point que vous n’êtes plus qu’un point, une tâche de peinture
délicatement déposée, une impression d’impressionniste, c’est assez
impressionnant.
L’autobiographie
pourrait aller plus loin, laissons ici en guise de point des points de
suspension, disons simplement que ce premier acte est un autoportrait, manière
de rester dans le thème et…sans pied de nez !
Ce texte est écrit
dans le cadre du défi AQUArium numéro 27 de février 2014 ayant pour thème
« Autoportrait ». AQUArium est un groupe collaboratif ouvert à ceux
qui aiment et pratiquent l’aquarelle : des infos à partager et chaque mois
un défi à thème sur une page spéciale évènement…
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