Rose et Valentin

La royauté a cédé sa place à la République tout en lui cédant ses maitresses. Ah ! La France et les maitresses, il y aurait tant à écrire, il y aurait voix au chapitre pour tant d’illustres personnages et tant d’illustres inconnus qu’on pourrait bien croire qu’il s’agisse là d’un particularisme génétique de notre génome remontant en des temps bien avant le drapeau tricolore. Cela prête à sourire dès lors qu’on n’est pas bien sûr protagoniste de l’histoire, encore que de nos jours la culture du mélange et de l’échange semble devenir monnaie courante mais heureusement pas encore exercice imposé… Dès lors, on ne peut que sourire un peu plus devant en ce jour fatidique, toutes ces queues faisant la queue pour cueillir d’autres tiges à offrir à l’épouse première ou du moins, la première concubine comme il se dit ailleurs en d’autres contrées. Fleuriste, ah quel beau métier ! Gageons qu’aujourd’hui les roses seront belles et leurs épines délicatement épointées, il suffit de vivre au voisinage de ces boutiques à pardon pour se passer de calendrier et se voir ainsi rappeler quelle date nous sommes…

Alors oui, fêtons la saint Valentin, de préférence aux Valentin et n’oublions pas que le lendemain il faudra souhaiter la saint Claude… Nom d’une pipe ! C’est vrai qu’il est farceur ce calendrier de février ! Faut-il y voir de grivoises coïncidences ? Non, bien sûr, restons prudes, et surtout ayons la prudence de ne point attendre quand et comment fêter chaque jour de l’année, et mieux, faisons fi des dates imposées, le commerce ne s’en portera que mieux, et vous pourrez mesurer mesdames et messieurs combien il est mille fois plus agréable de recevoir un cadeau, un bouquet, une fleur impromptue plutôt que d’attendre une date imposée pour cela. Enfin, ce n’est par là que ma pensée… Sans compter qu’en bon usage des traditions, des us, des coutumes et d’autres passions, il est difficile de ne pas se mélanger les bouquets si tout doit être fait le même jour… Un peu de sourire tout de même, après tout, trois roues sur un scooter ne sont pas de trop pour trouver l’équilibre, n’est-ce pas là une belle image ? La royauté ayant perdu la tête, il est facile de dire que tout ceci n’a ni queue ni tête,  ou bien trop… Mais en creusant un peu plus, non pas pour planter des fleurs, encore une fois ce sont de vieilles traditions païennes, d’anciennes fêtes du printemps à venir et de la fécondité qui se trouvent mis au goût du jour de la chrétienté par imposition d’un saint patron. Et oui, cachez ce sein que je ne saurai voir, ou plutôt « couvrez ce sein que je ne saurai voir… » Comme l’écrivit Molière, un saint sur un sein, il n’y a rien de plus homonyme en ces temps féconds de mariage pour tous. Humour toujours, il n’y a pas plus beau soleil qu’un sourire sur les lèvres, et s’il est latin et terriblement français d’accorder de grivoises pensées sur certains évènements de nos vies et de notre calendrier, cela n’est que badineries et joyeuses humeurs, après tout, une mouche est plus belle lorsqu’elle se posait au-dessus d’une lèvre du dix-huitième siècle que lorsque trop de gens du vint-et-unième la prennent si facilement.

Ne boudez pas votre plaisir, allez cueillir vos roses à peine écloses sur les jardins indiens, merci à tous nos avions, camions et autres nobles inventions qui permettent ainsi d’à temps les acheminer. C’est bizarre combien l’humour se perd au fil des temps, de nos jours, les mots sont vite agression, fussent-ils bons.

« Les mots ne sont pas violents,
Les mots ne sont pas violons,
Les mots sont les cordes d’un violon
Que votre archet s’en vient pincer »


Belles roses et bonne Saint Valentin…




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