Puzzles

A toute chose, malheur est bon. Drôle de proverbe, de pensées, de phrase, mais pour tant, tel est le leitmotiv de beaucoup, s’abreuver des malheurs du monde pour éclairer sa propre vie. La détresse, la tristesse sont des bûchers bien particuliers qui réchauffent l’existence surtout si on s’en tient loin. Est-ce les principes de dualité qui font que le blanc n’est vraiment blanc qu’à côté du noir, qui font que le jour n’est clair que parce que la nuit est sombre, ou bien est-ce un besoin de se rassurer, en se disant qu’au fond, on n’est pas si mal loti que cela ? Etrange, mais il est vrai aussi que nos flots d’informations ne font que déverser chaque jour un peu plus ces torrents de violences, ces bouillonnements de sang, ces morts inutiles mais au fond, y-a-t’il des mots utiles, une mort utile ? En finir, geste grave, parfois définitif, expression simple, pas toujours efficace, d’une incompréhension de ce qu’est la vie, juste parce que la vie est bizarre, difforme, vaste, multiple, que dès lors qu’on l’observe par le petit trou de la lorgnette, ce n’est pas la vie qu’on voit, mais un bout de la vie, pire, si j’osais parodier le grand artiste Magritte, « ceci n’est pas la vie » serait la légende de cette vision trop étroite de cet océan immense qu’est la vie. Océan ? Oui car parfois comme lui, la vie est calme, limpide, transparente, parfois elle ronronne et se pare de joyaux d’écume, parfois elle se met à grossir, à se gonfler, à rouler en colère de plus en plus forte au point de tout dévaster, de tout détruire avant de repartir, disparaitre et renaitre ailleurs, quand bien même cet ailleurs est ici.

L’existence est loin d’être un long fleuve tranquille, cela ne veut pas dire qu’on en soit incapable d’en maitriser les flots pour y faire la plus belle des traversées, chacun est capitaine de sa propre barque, chacun à son avenir en main, la main ferme sur la barre et prêt à affronter les éléments. Navigation en eaux claires comme en eaux troubles, tantôt sous le soleil cuisant des grands bonheurs, tantôt mouillé par les larmes du temps, trempés par les orages, exténués par les nuits sans sommeil, mais toujours le cap à l’horizon, l’œil prêt à voir la lueur du phare pour enfin accoster. Accoster, poser le pied à terre, avoir le pied marin n’est pas suffisant, chaque pas compte, ceux qu’on fait sans bouger tout comme ceux qui nous font nous déplacer. Avancer, au propre comme au figuré. Combien d’aller-retour ? Inutiles ? Non, rien n’est inutile, tout est porteur de leçon, d’enseignement, et si parfois on n’en saisit pas le sens, c’est bien plus tard que soudain la lumière vient, le souvenir remonte et le message apparait, enfin en clair. Il n’y a pas de coïncidences, pas de hasard, juste des pièces d’un puzzle personnel dont on cherche à assembler les pièces pour devenir la belle vision de notre vie. Parfois, on s’enferme dans un coin du puzzle, à la recherche de la pièce précise qui viendra s’emboiter ici, parce qu’on le souhaite, parce qu’on s’obnubile dessus, parce qu’après tout sera plus facile pour construire le reste, et parce qu’on s’y acharne, la vue se brouille, l’agitation des neurones finit par emballer le système et plus on avance, plus on cherche, moins on trouve, alors qu’il suffirait de prendre une autre pièce au hasard, ce hasard qui n’existe pas, pour l’observer, l’écouter, la choisir, la prendre pour à partir d’elle bâtir un nouvel espace, colorer au fur et à mesurer de toutes ces bonnes pièces qui viennent comme par magie s’emboiter si parfaitement pour d’un seul coup occuper l’espace, donner du sens au travail fourni, éclairer la vie et en construire le tableau, pièce par pièce, jusqu’à venir compléter ce coin plus sombre d’où on n’arrivait pas à sortir, combler les manques et enfin s’affiche l’œuvre complète, la vie rayonnante. Ne jamais focaliser sur ce qui ne va pas, sur la pièce manquante, sur le verre à moitié vide, ne jamais poursuivre le chemin qui est une impasse, ce qui n’est pas présent, ne le sera pas demain si on se met en attente de l’avoir. La vie est un diamant donc chaque facette nous renvoie notre propre lumière. Elle brille lorsqu’on brille, tout simplement.

Il est vrai aussi que la lumière étant plus rapide que le son, on peut paraitre brillant tant qu’on n’a pas ouvert la bouche…. Un peut d’humour ne faisant de mal à personne, je ne pouvais omettre ce ô combien essentielle pensée.

Donc, en conclusion, tous à votre puzzle, et si certains ont bien avancé, voire même l’ont achevé, si d’autres débutent ou bien, reprennent quasi à zéro la noble construction, c’est encore une fois un travail personnel, les conseillers n’étant pas les payeurs, tout comme à l’école, le profit de l’exercice provient du travail personnel fourni, sans que quelqu’un d’autre ne vienne mettre la main à la pâte. Un joli exercice à mener, un puzzle magique dont les pièces sont belles et bien vivantes, elles disparaissent de notre regard, soudain elles apparaissent sous nos yeux, comme une évidence, trop simple, trop facile, à se croire fou de ne les avoir pas vus, là, sises sous nos yeux. A trop regarder, on en oublie de voir, à trop se concentrer sur une seule chose, on se ferme au monde et au monde des solutions, des connaissances, des informations parmi lesquelles se trouvent la clé de ces serrures qui ferment à triple tour le coffre de notre inexistence. S’isoler, s’est mourir. S’ouvrir au monde, c’est cueillir chaque jour l’essence du jour, la réponse à nos questions, parfois même bien avant de se les être vraiment posées. Etrange ? Non, malin, la vie est une quête perpétuelle, sans cesse apprendre, sans cesse vivre, remettre en question notre existence, le repos sera pour plus tard, du moins pour le corps, dans un coffre bouclé, dans un repos éternel, tandis que l’âme ou l’esprit véritable poursuivra son voyage en quête d’un autre hôte, d’une autre vie, mais ça, c’est une autre histoire…..

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