Marche en marches

Retour à la marche, aux randonnées, l’occasion d’un stage de formation, dans ces belles contrées pyrénéennes, l’occasion de tester aussi la forme, ou plutôt, son retour…. Ce que j’aime dans ces stages, c’est l’humilité qu’on y reçoit, la nature ne se dessine pas en carte, entre la théorie et le terrain, ce sont mille pièges qui viennent vous remettre à votre place, non, vous ne saurez jamais, vous ne maitriserez pas jamais la nature, par contre, oui, vous pouvez apprendre à lire dans les lignes du terrain, apprendre à comprendre, apprendre à apprendre, sans cesse combien la nature est merveilleuse et secrète, combien les traces de l’homme sont délébiles et s’effacent devant ces poussées végétales. Alternance de théorie et de pratique, alternance salle de cours et parcours en montagne, mais aussi, hélas ou sinon, tant mieux, alternance de temps, ce diable de mot « temps » souvent utilisé à tous les temps, mis ici à la sauce météo, et….question météo, il faut à toutes les sauces ! Un départ pour un parcours exercice GPS avec pose de balises pour l’autre groupe, sous un ciel bleu, une montée assez physique et plutôt raide où la nature nous fait valoir ses différences d’avec le bout de papier qui nous a servi de carte et que nous crûmes précis au point de bâtir notre itinéraire sur des tracés sur papier dont le terrain ne porte plus trace et pire, entrelacés de clôtures qui rythme la marche par des à-coups dévastateurs. Il fait bon, il fait chaud à combattre l’adversité de ces obstacles, mais à vrai dire, mon thermostat d’ambiance est en vrac, je ne perçois plus la chaleur ni la fraicheur, juste des variations très rapides d’un état vers l’autre, du coup, mode polaires en plusieurs couche, chèche noué autour du coup, les muscles des jambes rappellent à mon souvenir que leur dernier dérouillage remonte à plutôt loin. Qu’importe, il fait beau, il fait bon respirer cet air frais, ces odeurs de prairies, de sous-bois, de forêts, spectacle offert à nos regards que ces dégradés de vert, cette végétation qui nous dévoile l’altitude simplement parce qu’ici, chaque chose à sa place et sa juste place, c’est autant d’énergies reçues et un plaisir d’être ici, et d’être. Retour au pas de course pour la pause déjeuner puis un passage en salle de cours afin de connaitre les clés chiffrées qui vont nous révéler l’emplacement théorique des balises adverses et ça repart pour visiter la nature…. Et là, adieu ciel bleu, dame pluie en robe grise danse au-dessus de nous en distribuant ces perles, il fait bon ne pas avoir oublié le parapluie. Marche encore, surprise et prise, balise après balise, l’heure du retour a sonné, passage éclair en salle, douche bienfaisante, la fatigue gagne du terrain, puis repas et travaux en salle, constitution de la randonnée du lendemain avec attention et précision, avant de sombrer rapidement dans les bras de Morphée.

Le lendemain, le ciel se pare de bleu pour mieux nous éclairer les sommets saupoudrés de blanc tout neuf, tout frais, voilà qui donne la bonne humeur au petit déjeuner, le temps de se chausser et hop ! Vive la pluie. Dans ces beaux paysages aux longues ondulations verdoyantes, où la brume se dépose comme perdue entre ciel et terre, je me prends à rêver sous mon grand parapluie, à imaginer les bergers guettant leurs bêtes, la lourde capote sur le dos, le grand parapluie de berger au-dessus de leur tête sur laquelle le béret était toujours vissé…. Mais il est temps de parcourir ces chemins à l’odeur âcre des fougères naissantes, à la douceur poivrée et sucrée des résineux en bordure, les semelles crantées de neuf peinant à trouver l’accroche dans le sol détrempé et pentu que nous gravissons. Des villages, des déserts de nature, des habitations, difficile de trouver un autre nom, vestige d’une population ayant perdue ses repères à la fin des années soixante, dans ces coins d’Ariège où les sentiers n’étaient même pas muletiers, tout juste pour l’homme, en tout cas, l’isolement des populations était garanti. Certes, désormais ce sont des pistes que des voitures échappant à tous contrôles parcourent à vive allure, parfois nous avons à peine le temps de nous pousser…. Soudain la pluie se met à battre plus fort la toile tendue du parapluie, voilà le grésil, ces petites boules blanches pas encore grêle, plus tout à fait neige. Nous sommes sur un sentier bordé de hauts buis, à ne pas confondre avec des hauts bois, essayez tout de même de suivre, et c’est comme un enchantement de vivre ce concert de petites percussions au milieu de ces verts sombres à l’odeur si caractéristique, de quoi y puiser des énergies, s’arrêter et respirer, voir et se remplir de ces spectacles uniques, qui feraient je l’avoue grincer les dents de bien des randonneurs. Allez, encore un effort et voilà le village, la halle ouverte ou nous posons les sacs, pour en tirer ce moment unique de partage, d’échange et surtout de convivialité. C’est cela, par-dessus tout la randonnée, du partage, des échange saupoudrés de beaucoup de convivialité. Merci.

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