Les cloches sont revenues

Les cloches sont revenues, bon, ok, elles n’étaient pas toutes parties, moi-même n’ayant pas pris par au voyage, Rome, la ville éternelle n’a pas eu mes faveurs cette année, partie remise. Partie remise ? Oui car il y a toujours des départs, des retours, des rendez-vous dont certains sont manqués, parce que c’est cela la vie, des hauts, des bas, des bas faisant débat, des bas faisant naitre les ébats, des hauts, si haut que….. Bon, ok, faut pas pousser ! Il y a toujours pire, il y a toujours mieux, rien n’est jamais parfait ni à parfaire d’ailleurs, la perfection nuit à la vie, à trop la chercher, à trop la vouloir, à trop viser ce sommet trop élitiste on se pose des œillères qui nous font oublier que le monde est tout autour, un champ de vision sur 360 degrés, peuplé de vies, tout plein de lieux, mais aussi et surtout, de joies, de bonheurs, de ces gouttes d’essences essentielles à la vie.

Pourquoi refuser de voir ? Pourquoi s’enfermer dans une quête d’une soit disant perfection qui devient dévoreuse d’énergie, qui bloque le sens de la vie ? Autant refuser de vivre. C’est la même chose pour toutes ces vies en pointillées, ces hésitations entre deux mondes, c’est rester assis le cul entre deux chaises, hésiter à mixer deux mondes, bâtir des murs et cloisonner en silo l’espace de nos vies. Bien sûr il est dur de repartir après un échec, une rupture, un divorce, bien sûr la peur d’avoir mal est majeure car les plaies sont longues à cicatriser, surtout si l’on ne prend pas la peine de les laisser s’épurer pour se refermer sans garder de mauvaises humeurs, comme diraient les docteurs du dix-septième siècle, mais la peur de perdre empêche toujours de gagner, subtil équilibre des forces, focalisation sur le mauvais objectif, alchimie de la vie. Pourquoi vivre en pointillé ? Je me souviens des dessins en pointillés de mon enfance, pages ludiques des Pif gadget et autre journal de Mickey dont les dessins ne prenaient tous leur sens qu’une fois les pointillés surpassés en traits plein. Des dessins de l’enfance aux desseins des adultes, il n’y a qu’un pas, non pas à cloche-pied, non pas à saut de puce, non, juste du vrai, du plein, du continu, celui de la prise de risque certes, mais le risque n’est-il pas d’être heureux et pire, d’être vivant, à temps plein ?

Le monde s’agite, le temps presse et manque, manque-t-il par manque de temps ou par manque d’envie de prendre le temps ? C’est pas facile, c’est si aléatoire, impalpable, ce fameux temps dont tout le monde se plaint de son absence…. Pourtant, la vie dresse parfois des contraintes, des zones d’arrêt obligatoire où bizarrement tout le monde retrouve tout son temps, parce que d’un seul coup la priorité des choses a changé. La priorité ? Et si c’était cela la clé de nos vies ? La priorité qu’on donne aux choses, celle qui distribue le temps pour chacune, du coup, le temps n’est plus fautif, il est juste objet, complément, un complément de temps ? Je le pense plutôt invariable, vingt-quatre heures par jour, ici, sur terre, ce serait donc plutôt un adverbe de temps, mais là, on s’éloigne du sujet, et ce sujet serait donc la priorité ? Un sujet assujetti à chaque individu, chacun distribue ses priorités comme il l’entend, certains préfère le canapé un soir de foot, d’autre la convivialité, d’autres encore, les deux réunis, d’autres alterneront les priorités aux rythmes des alternances de la vie, alternance des saisons, alternance des rythmes de garde, de travail, des jours et des nuits. Il doit être rassurant de tout classer, répertorier, ordonner, arranger, isoler, la noble devise du « diviser pour régner » semble encore de mise, mais c’est là aussi l’enfermement du pouvoir au détriment du bon vouloir. Chacun est libre, c’est à chacun de prioriser et d’ordonner sa vie, juste que la rencontre de deux vies fait s’entrechoquer les priorités, début de discussions, de négociations, début de….vie ! Il ne peut y avoir de vie sans échanges, sans partages, sans discussions, pluriels et multiples, la richesse nait de ceux-là, tout comme elle nait de cela. Encore faut-il vouloir le faire….

Il est si doux, si confortable ce cocon dans lequel on a construit sa zone de confort. Prendre le risque de sortir du nid douillet pour affronter la vie est redoutable, c’est se mettre en danger au risque d’en sortir grandit. Mais veut-on grandir réellement ? Ne préfère-t-on éviter de se mettre en danger, rester prophète en son pays, régner sur son monde plutôt que connaitre mieux parce que différent, et parc e que cette différence est source d’apprentissage, de leçons, de futures réussites, ou bien même d’échecs, vous savez ces étapes de la vie qui sonne sur l’instant comme du négatif mais qui plus tard se révèlent très positives, de part les leçons qu’on y a prises, de part les évolutions qu’on y a cueillies. Sortir du cocon, c’est permettre à la chenille de devenir papillon, lui permettre de s’élever, de voir le monde d’en haut, de se détacher du trop terre-à-terre, ôter ses œillères qui empêchent de voir le ciel bleu, même s’il est parfois caché par des nuages, se donner la possibilité de se détacher d’un monde trop connu pour parcourir celui bien plus vastes des connaissances qui nous feront grandir, encore et toujours, évolution permanente de l’être. La vie, les coups reçus bâtissent brique après brique une muraille qui peut-être protège mais surtout qui isole que de trop. Apprenons à ouvrir la porte, à s’ouvrir aux autres avant de se rendre compte de la dangerosité de ce donjon et de le détruire. Ce jour-là sera notre fête personnelle, notre prise de la bastille, notre lâcher prise sur le monde d’hier pour se tourner enfin vers les lendemains. Lorsqu’on est sur le seuil de la porte, il est encore tentant de regarder en arrière, sa maison, son passé. Refermons cette porte derrière nous, avançons aujourd’hui sur les chemins qui mènent à demain, et comme on dit que tous les chemins mènent à Rome, il n’y a pas de raison que quoi que ce soit cloche, de Rome, on en revient, même les plus cloches….

Aucun commentaire: