Tout au bout de la nuit

Tout au bout de la nuit, l’aurore luit, la lumière grandit, irradie le ciel sombre pour donner l’allant au jour naissant. Tout au bout de la nuit, l’espoir d’un nouveau jour se concrétise, et le jour luit enfin, de tous ses rayons. Angoisse de nos anciens, la nuit a toujours été vaincue par le jour. Ré chez les Egyptiens déjà combattait chaque nuit pour faire réapparaitre le soleil au terme du combat. Ainsi, depuis la nuit des temps, les jours succèdent aux nuits à l’issu d’un âpre combat. Je vous entends : « Bon, ok, rien de très original dans tout cela, mais qu’est ce qu’il va bien nous raconter encore ? » Et bien rien de plus…. Mais non, je plaisante ! Simplement que je songeais à cela en observant les phases que parfois traversent nos vies, ces périodes de nuit où l’on aimerait bien tomber dans un coma profond en attendant que le jour se lève enfin et se mette à éclairer nos vies….. Nous subissons ces périodes, ces revers de fortune, au lendemain de combat et de défaite, car il y a toujours un vainqueur et un vaincu, et que même dans ces combats-là, une victoire devient aussi éprouvante qu’une défaite, une issue reste tout de même un échec, dont on tire des leçons certes, mais qui reste synonyme de perte, pas forcement négatif en tout, suivez mon regard, si ce n’est dans l’humain cela reste dans le temps. Fin du jour, qu’elle qu’en était sa lumière, voici venu le temps de se coucher pour mieux appréhender la nuit et récupérer des forces, se reconstruire pour mieux attaquer le jour nouveau. Certes, la nuit est porteuse d’étoiles, ces jolis joyaux qui illuminent l’obscurité, attirent le regard et guide le navigateur solitaire vers l’amer sans aucune amertume, l’amer peut-être un clocher d’église, un moulin à vent, un phare au puissant faisceau.

Le clocher d’église. Appel du mystique, recherche des forces manquantes dans une foi plus ou moins codifiée, dans des paroles que l’on prendrait presque pour de l’amour si le fiel des hommes ne savait pas si bien les détourner. Il en reste le côté rassurant, le rappel des enseignements de notre enfance, que nous soyons issus d’une morale judéo-chrétienne ou bien encore, attirés par les néo-spiritualités, les appels à vivre le présent en brulant le passé et ignorant l’avenir, le message le plus important réside dans le temps pris pour aider l’autre, la main tendue et l’oreille offerte, ces petits gestes de rien qui sans en avoir l’air, vide le fardeau trop pesant de la mémoire, aide à formuler sa pensée, à se structurer soi-même l’esprit pour avancer, comme par enchantement, car l’esprit est ainsi fait, une idée formulée et dite s’envole de sa cellule grise, libère la place à d’autres idées.

Le moulin à vent. Appel au monde, à sortir, à voir, à écouter, suivant l’état, à participer. Se changer les idées par le nombre, partir dans un tourbillon d’activité, s’occuper l’esprit par d’autres choses, plus ou moins futiles, l’essentiel n’est pas dans l’activité elle-même mais plutôt dans la fréquentation, ivresse de gens et d’autres plaisirs, découverte d’un monde stupéfiant, on y cherche l’inhibition des sens, l’abandon, la perte de toute résistance. Il est si doux de ne rien faire d’autre que de se laisser entrainer, telles les ailes du moulin au gré du vent. Au delà de ce qui pourrait paraître comme passivité, c’est l’appel à la vie, dans le tourbillons de ses pales images parfois, la fuite dans le vent que j’y vois.

Le phare et son puissant faisceau. Oh ! Ce n’est pas au départ de l’étape qu’on le voit, l’œil est trop enivré d’obscurité pour chercher le faible point lumineux qui soudain l’attirera et le prendra dans son filet. Une lueur parmi les étoiles, un point qui grandit lentement sans qu’on y fasse vraiment attention, jusqu’à ce qu’enfin le calme des flots revenus, les embruns cessant de venir inonder les paupières, on ne remarque plus que cette lumière-là. Une à une les étoiles plissent et disparaissent, la lune elle-même pâlit devant tant de puissance, s’efface et assombrit le ciel pour que le seul intérêt qui s’offre au regard perdu, soit cet œil brillant et perçant, le seul qu’on soutienne et qu’on prend plaisir à soutenir, celui vers lequel on se dirige pour enfin terminer le voyage, ranger la nuit aux rayons des rêves et autres cauchemars, vivre le rêve de ce qui sera alors, le moment présent.

Il y a encore du chemin à parcourir, des flots à naviguer, la nuit est encore longue et les étoiles luisent. Je sais qu’au-delà des ténèbres existe un phare, un seul. Je sais que bientôt je l’apercevrai. Ni vents contraires, ni mer démontée, rien ne pourra empêcher la lumière de percer. Le cap alors bien fixé, les voiles pleines et le cœur plus léger, les nœuds qui séparent seront peu à peu dénoués. Chaque chose en son temps, chaque étape à franchir prend sa place, son temps et aide à reconstituer le puzzle aux éléments brisés. La nuit est encore longue, mais elle a commencé. Doublement. Navigation en solitaire tel Ré sur le fleuve souterrain, ce qui guide la vie, c’est l’appel de lumière, c’est la connaissance de ces aubes naissantes, cet aurore qui pousse sur le crépuscule d’une vie. Point de courage en cela, mais de la patience, des rencontres, des regards, des étoiles sur la toile, des coups de cœur comme des électrochocs venant tester la solidité du matériel comme de l’humain. Il y a aussi des bulles associées à la tendre lueur des flammes, il y a aussi le réconfort d’une bonne flambée ; Il y a tout cela et bien d’autres choses, tout cela par-dessus tout ce qui a précédé, le jour succède à la nuit, mais la nuit a succédé au jour…. Eternel combat, il est des fois ou l’on rêverait d’une autre éternité, celle des sens, des bons sens et c’est tout….

1 commentaire:

Anne a dit…

Plus de nuit mais un jour sans fin ! Je l'ai trouvé en 2009, ce sera ton tour en 2010 !!
Plus que quelques jours "sombre" et après !!!