Marche avant toute

Il est bien connu qu’à l’automne les feuilles tombent…. Exit donc la feuille, nouvelle vie, nouveau départ, nouveaux projets, voici venu le temps des rires et des champs, c’est de nouveau le printemps enfin, plutôt l’automne mais, les sanglots longs des violons n’ont pas voix au chapitre…. Nouvelle étape dans la vie, nouvelle vie, qu’importent les qualificatifs et les adjectifs, et même, les adjectifs qualificatifs, retour au bercail avec des projets plein la tête, avec une nouvelle conclusion logique à une histoire qui a su évoluer vers autre chose, une autre relation, un autre type de relation. Dans le même temps, des personnages ô combien important de ma vie, passée et présente, se sont manifestés, volontairement ou involontairement, donnant de nouveaux contours à l’histoire, celle composée de tant de méandres et de vies croisées…. J’ai connu quelques étapes, quelques vies dans ma vie, de jolies tranches de souvenirs, agréables ou moins agréables, selon les périodes, comme tout une chacun peut connaître ou non, mais le non devient élément défavorable tant cela aide à se comprendre et se situer dans le costume de sa propre vie.

Après quelques péripéties urbaines, quelques idylles naissantes, fragiles, vivant à peine le temps d’un baiser, d’un été, de ces jeux tendres et cruels où le cœur se poli contre la rugosité des déceptions, le temps fut venu d’aller prendre l’air dans les verts alpages, et oui, même dans les Pyrénées on est tenu au diktat alpin, on parle d’alpages, on fait du ski alpin, bref, voici venu le temps de la randonnée au sein d’un joyeux club doté de drôles de spécimens ainsi que de spécimens drôles d’ailleurs, mais aussi, de charmants sourires, dont un, qui sut accrocher le regard fermé et ténébreux qui depuis ma nuit des temps me sert à contempler tout ce que vie m’offre à la vue. Il n’y a pas qu’au volant que la vue c’est la vie ! quelques échanges plus tard, nous voilà conquis, vivant une idylle de neuf années, traversant bien des épisodes, forgeant le caractère et surtout, usant d’un amour entier pour le sculpter en amitié forte, et même plus dirais-je, en un lien fort et fraternel sans qu’aucun doute ne puisse en altérer la puissance ni la beauté d’avoir réussi l’alchimie rare transformant l’amour en amitié plutôt qu’en haine. Les vies se sont séparées, sans regret, nous avons été au bout de notre amour, j’ai connu d’autres épisodes tandis que ma petite sœur traversait à pas légers sa vie seule.

S’en est suivi une période de doute, car toute rupture même consentie reste un échec. Des errements allant même jusqu’au presque bout de la vie, des décisions horribles au vu d’aujourd’hui, une renaissance, des discussions sur la toile, d’abord très amicales puisque la distance était importante et la belle dame engagée, et de fil en aiguille dit-on, du temps on devait écrire les lettres sur soie au point de croix, une très forte attirance qui plus est hautement bijective s’est construit, confirmée dès la première rencontre dans ce qu’on appelle la vraie vie ou encore le réel lorsqu’on existe en mode virtuel, et tout un tas de très beaux épisodes, des temps forts, des révélations, tant de moments qui ont bâti l’existence, peuplé la prose d’ici, avant de fondre comme de la neige offerte au soleil du Sahara. Dur mais efficace pour se poser les questions, renaitre au travers de la même vie, sentir les travers de la vie aussi pour en éviter les pièges et les folies pas toujours douces. Quelques moments de calme, de réflexion, un attrait accru pour les sciences humaines, la psychologie, de nouveaux épisodes, aériens, à distances, allégeant la vie, de nouvelles folies, bigre, ce monde est fou !

La maladie d’un ami proche est venue secouer le cocotier de la vie, focalisant le regard sur ce monde blanc et clinique, sur cette triste réalité qui d’un coup nous montre que la vie, c’est un truc imbécile qui peut vous claquer d’entre les doigts et s’en aller voler loin de vos inertes. Derrière ces douleurs, j’y ai vu la patience, j’y ai vu les patients, j’y ai vu la souffrance, l’impuissance, les peurs, les larmes sèchent, le sourire toujours accroché aux visages du personnel soignant, et même, l’abnégation d’un frère luttant contre un mal invisible rendant le combat difficile mais bien réel…

Au cœur d’une nuit un message échappé d’une connexion voisine, quelques mots répondus, appelant d’autres mots, une rencontre pour libérer les mots de l’oral plutôt que ceux de l’écrit, des peurs, des doutes, un cinéma, un verre après, une nuit à parler en toute connivence, un baiser timide échangé sur le pas d’une porte, début d’une histoire…. Belle histoire, vie commune et familiale, loisirs nouveaux, apprentissage de la petite enfance à la sorite du boulot, joies profondes et rafraichissantes, marche arrière sur le cours de la vie, je revis….. Le yin et le yang c’est ainsi que nous furent, semblables et opposés, mais hautement complémentaires. Pourtant, à trop s’opposer, à ne pas vouloir tout deux se livrer dans le nous créé, voici le mot fin qui s’inscrit pour la dernière fois. Les adresses se séparent, les vies un peu moins, les liens tissés prendront d’autres reflets….. Ainsi vogue la vie !

Dans le même temps, j’apprends que ma petite soeur quitte la maison. C’est l’image que j’ai. La fratrie ne se détruit pas, mais le temps à partager est à partager. Pincement au cœur, c’est vrai, mais surtout, tous mes vœux de bonheur dans cette nouvelle vie, sache petite sœur, oublier les années d’avant, sache te concentrer sur ce nouveau tome. Sois heureuse, tu le mérite hautement. Hasard des lieux, hasard du temps, rencontre incongrue, sous une croix verte, une vitrine au coin d’une rue, image présente d’un passé révolu.

Voilà, en trois temps, trois mouvements, trois pages se tournent, se referment dans un sentiment commun et le même souhait à chacune de réussir vos vies nouvelles. Place désormais à ma vie, les fantômes du passé se sont ainsi envolés, les retours impossibles, les errements disparus. Retour en mon domaine, travaux en tête mais aussi en action, clap de fin triplé, je souffle et dispose du temps qui est le mien, j’ordonne et classe mes mémoires, la très forte impression d’avancer à grand pas vers non pas l’inconnu, mais plutôt l’inconnue….

De tout cela, je mesure, que pour être aujourd’hui qui je suis, je porte avec moi mes valises, celles qui contiennent mes lieux préférés, mes loisirs, mes passions, mes amis, mes amies, ma famille, tous ces sourires qui savent illuminer mes jours gris comme mes jours bleus, toutes ces choses qu’on a tort de laisser à la consigne lorsqu’on démarre une histoire nouvelle, car sans ces bouts de soi, comment être soi ? On ne quitte pas sa vie pour entrer dans celle de l’autre, la fusion n’est pas la fission. On ne change pas non plus les autres, on change soi. Choisir l’autre, c’est un choix véritable, non pas un choix dans l’espoir que les choses évolueront comme on le souhaite. Il y a de la rigueur dans ce choix-là. L’exigence première, c’est d’être exigeant, et en premier, avec soi. C’est en murissant qu’on comprend que l’être est plus fort que le paraître, qu’être soi et aimé pour cela est bien plus fort que d’être aimé pour ce qu’on n’est pas. L’amour est réciproque, sans cela, il est mort. On ne peut vivre sans amour, sans actes d’amour, psychiques comme physiques, l’entente doit être complète sous peine de nourrir en son sein un cruel échec.

Comment savoir si on est prêt ? Bonne question. Le temps marche en avançant, ce n’est pas vers le passé qu’est la réponse, sous peine de se marcher dessus plutôt que d’avancer du même pas. Une fois le mot fin écrit, il est bien trop indélébile pour s’effacer facilement, et, dès lors, il ruine la reconstruction d’un amour, tout au plus, et ce n’est pas pour autant facile, il peut bâtir une belle amitié hautement complice. Comment savoir ? Il suffit peut-être d’essayer, d’ouvrir son coeur et ses antennes, de cueillir le doux signal qui peut émaner à chaque instant de nos vies. Pour cela, il faut avoir pris le temps de digérer, de se retrouver et de s’aimer, car on n’est jamais prêt à aimer quelqu’un que si déjà on s’aime soi….

Méditation.

Souriez, la vie est belle et le soleil radieux !

1 commentaire:

Anne a dit…

Le meilleur est à venir !
Il faut regarder devant, ne pas se retourner !

Bizz