on a tué la poule aux oeufs d'or

Au bal des décédés, la palme est revenue vendredi à Mickael Jackson. Le roi de la pop, le petit prince, celui qui révolutionna la musique et la danse des années 80 à 90 a été pleuré par le monde entier. Oubliant au passage les pleurs de petits enfants…. Enfin, peut-être, car moyennant gros chèque, les plaintes menaçant la blancheur candide de la star ont été retirées. Que voulez-vous, tout s’achète et tout se vend, l’innocence contre la culpabilité, l’innocence se chiffre en dizaine de millions de dollar contre la perte d’innocence d’innocentes victimes. Bambi est aimé des enfants, Bambi aimait-il les enfants ? La mort en tout cas, efface bien des traces et des doutes, elle éclipse aussi au passage la disparition de Farrah Fawcett, autre talent qui berça nos jeunes années sur les écrans télévisuels.

La magie de l’humain, c’est de savoir oublier les noirceurs d’un homme en fonction des flashs artificiels qui éclairent le blanc du passé, pardonner l’impardonnable pour ne se glorifier que des talents précédents auxquels on a besoin de raccrocher nos vies, nos souvenirs. Les chorégraphies de la marche sur la lune estompent les soupçons rachetés. Bien sûr aujourd’hui, il y aura un tel ou une telle, pour écrire et vendre un pamphlet, pour ou contre la star désormais éteinte. L’histoire est peuplée de ces gens, ces géants un jour déchus dont du coup on oublie les grandes heures. Il y a les maréchaux qui grandirent le pays sur une première guerre et qui ratèrent leurs sorties, pactisant avec l’ennemi lors du second épisode, il y a le noir et le blanc, en toute affaire, et en bien des vies.

Si de ce vendredi je retiens les couleurs, les pertes, je note la perte de deux étoiles du continent américain. Je n’essaie pas d’en ternir une plutôt qu’une autre, je suis, comme beaucoup, dans le doute et l’horreur qu’on ait pu à la fois commettre l’impensable et racheter à coup de gros sous sa conscience. L’enfance baigne dans les rêves, un cauchemar peut-il s’effacer par la magie de quelques billets ? Le doute survit toujours aux doutes sur le doute, la richesse des hommes ne leur permet pas de racheter leurs erreurs ni leurs fautes. La boule à facette renvoie à l’infini les images. Certaines sont belles, d’autres moins….

A chacun son jugement, à chacun sa vision des reflets. Le prisme des médias déforme et informe soit disant. Ce jour-là, d’autres personnes ont quitté la vie. Etoiles inconnues perdues dans la galaxie, elles se sont éteintes dans l’indifférence de la planète revoyant en boucle les images d’un gamin bien coaché. On a tué la poule aux œufs d’or. Enfin, pas tant que cela, les artistes morts se vendent bien mieux. Au pays du dollar comme d’autres monnaies, le souvenir rapporte, se multiplie et divise bien mieux après.

Billet d’humeur, oui, coup de gueule, non. L’histoire juge ce qu’elle veut bien juger, la célébrité se farde de trop de paillettes pour entrapercevoir un soupçon de réalité. Oups ! J’ai parlé de soupçon ?

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