250

250e texte ou plutôt, écrit modeste… En un peu plus d’un an, cela fait tout de même pas mal ! Voilà, je clos là mon autosatisfaction. Le blog, ce gros cahier des temps modernes, continue de s’alimenter au gré des humeurs, au gré des envies, au gré des actualités, personnelles ou nationales, voire même mondiales. Humour ou billet d’humeur, ce sont des petits textes qui ainsi s’amoncellent, s’empilent, jusqu’à arriver aujourd’hui au chiffre presque rond, du moins, agréable à l’oreille de 250.

Ou en sommes-nous aujourd’hui ? Et bien, Didjy grossit régulièrement, l’œil est déjà plus brillant et le comportement bien plus affirmé que lors de son arrivée chez nous il y a tout juste une semaine. 830 grammes à la pesée du matin, c’est déjà 180 grammes de pris par rapport aux maigres 650 grammes de la première pesée (bravo les maths!). C’est un adorable chaton, affectueux au réveil, facétieux en journée, attachant et attaché le reste du temps, il reste collé à nos pas, ne supportant de rester seul que pour faire un somme sur un plaid, ou autres situations surélevées du genre chaises de cuisine ou de salle à manger, voire même dessus de meubles ou encore placard de la télé… Il aime aussi bricoler, et lorsque le soir il nous vient l’envie de démonter et remonter des armoires, on voit une queue noire glisser entre les planches et le mur, générant de petites frayeurs, ou encore, il grimpe sur l’assise du meuble et vient poser sa patte sur la vis que nous essayons de faire tourner à l’aide d’un clou, instrument de fortune. Sacré chat, et je dois bien admettre que pour avoir été longtemps opposé à la cause féline, je suis séduit par cette boule de poils qui vient griffer mes sandales le matin et tourner autour de mes jambes jusqu’à ce que je le prenne dans mes bras, me gratifiant de doux ronronnements à chacune de mes caresses, ou bien me donnant un bisou de sa patte aux griffes bien rangées. Enfin presque, car ma main garde la trace d’un jeu mal maîtrisé…

En parlant d’armoire, hier soir, en portant un panneau lisse et lourd, j’essayais de m’aider du bout de mon pied pour avancer, ce qui me fit réfléchir à un détail qui peut sembler banal mais qui aurait pu changer la face du monde. Et oui, tout ça du bout de mon pied, gauche bien sûr ! Donc, j’avançais ainsi, la planche sur le bout du pied, et je me dis que c’est de là que nous est venue l’expression « avoir le pied sous la planche », expression très vite reprise par la corporation des talemeliers, ces artisans oeuvrant à tamiser le grain moulu par les moulins pour en faire une noble farine, qui, additionnée d’eau et de sel, et parfois d’un peu de levain, donnait cette base des repas d’alors. Bref, ces talemeliers, étant en manque de publicité, virent dans cette expression le moyen d’en tirer un slogan publicitaire intemporel. Cette expression anodine se transforma de « avoir le pied sous la planche » en « avoir du pain sur la planche ». Voilà un joli détournement, dont ils échappèrent à la condamnation que par un dissimulation d’identité : De talemeliers, ils devinrent boulangers et le tour fut joué ! L’expression est elle bien restée, au point que tout le monde connaît « avoir du pain sur la planche » et plus personne (à part moi !) ne connaît plus « avoir le pied sous la planche »…

En me remémorant cette histoire, qui doit avoir disparue des archives des tribunaux, de toute façon, il doit y avoir prescription, je pensais, par je ne sais quel cheminement de pensée, que la face du monde aurait bien été différente, si Joseph, Saint Joseph, le père putatif de Jésus, si Joseph donc, au lieu d’être charpentier comme nous l’ont appris Johnny Hallyday et la Bible, ouvrage de référence puisque c’est encore le livre le plus vendu au monde, si ce brave Joseph eût été boulanger, ou plutôt talemelier puisque c’était ainsi en de temps-là, les choses auraient été bien différentes, non ? Plutôt que de devoir partager le pain avec ses acolytes, Jésus aurait pu s’en procurer pour tout le monde, voire même déjeuner dans la douce chaleur du fournil ou oeuvrait son père. Marie aurait été occupée à la vente des pains, les enfants aux livraisons… Les enfants ? Et bien oui, bien sûr, ils auraient eut d’autres enfants, nés de leur union ; comme il arrive parfois dans les familles recomposées, car en fait, Jésus, Marie et Joseph constituent bien la famille recomposée la plus connue, non ? En plus, il y a bien des thèses, à défaut de preuves matérielles plus fiables, qui parlent d’enfants jumeaux et non d’un fils unique…

Avouez donc que cela aurait tout de même bien changer le cours de l’histoire, de notre histoire, et d’ailleurs, je me demande bien si nous en parlerions tant ? C’est vrai, tout le monde connaît cette partie de l’histoire et ces personnages, mais personne ne parle du talemelier qui vendait chaque jour son pain à Joseph ou Marie. Personne ne sait si Jésus et ses potes allaient dépenser leurs sesterces en bonbons et autres jouets chez ces braves talemeliers…

L’Histoire est ainsi, peuplée de gens plus que d’autres, les projecteurs du temps éclairent certains personnages et laissent dans l’ombre bien d’autres… C’est ainsi, encore aujourd’hui. Parfois, il arrive que des anonymes commettent des actes pour entrer en lumière. D’autres s’étiolent dans l’ombre froide. A chacun son chemin, à chacun sa croix, vous voyez, on y revient ! Au bois, aux charpentiers, aux planches d’armoire sur le pied portées, aux talemeliers ainsi transformés en boulangers, tout ça, dans notre ère de la chrétienté, ce ne sont que des miettes…

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