Survie.
C’est la première impression. L’après, ce vide sidéral et sidérant, ce moment
où les coups résonnent de leurs douleurs. Effacement. C’est nécessaire d’abord
pour digérer, pour accepter, pour se préparer à renaitre, parce que la vie
continue, toujours. Ce sont aussi des moments d’incompréhension, de solitude
parfois non désirée dans laquelle résonnent les silences des faux amis,
cruelles désillusions encore, tellement authentique pourtant, tellement
bienfaisante au fond puisque ces silences permettent et permettront d’en faire
grandir bien d’autres. A jamais. Il n’y a pas le décompte, lent et martelant,
frappant ses coups en dix périodes, ce moment difficile où le boxeur sonné à
terre entend sans pouvoir se relever, non, pas de décompte, c’est ni mieux, ni
pire. Les coups tombent, la tête est lourde, on guette le moment où l’on va se
relever. Enfin. On se relève toujours, même après plusieurs K.O. "Putain, que
j’ai la tête lourde…."
Rien.
Le vide partout, l’absence d’envie, la nuit noire toute éclairée de blanc, le
repos qui ne trouve pas sa place dans ces heures grises, l’accumulation des
combats perdus par chacun des êtres partis récemment fait froid dans le dos
tout autant qu’elle présente l’album de famille comme la salle des trophée de
ces putains de crabes aux pinces multiples. Sacrée famille qui mord à qui
mieux-mieux, chaque membre a sa technique, sa méthode, son style, ses
mots : leucémie, lymphome, mésothéliome, métastase, tumeur et à la fin, tu
meurs. Pire, les victoires ne sabrent pas que le champagne, rarement, trop
rarement. Le ruban rose finit par attacher le bouquet de roses d’un blanc
linceul. Amère destinée. C’est quoi d’ailleurs ce mot
« destinée » ? Il n’y a pas de destin, il n’y a que le dessin
que le pinceau de notre vie fait. Au fond, ce vide appelle un autre vide, le
sien, un appel au don, le don de soi, se jeter à corps perdu dans l’abime, à
trop saigner, le corps exsangue ne répond plus, il n’en peut plus, lui non
plus.
Même
les passions s’affadissent, elles passent sans grâce, elles s’entassent dans
les poussières des souvenirs, on en devient automate, on fonctionne à minima.
L’écriture autrefois prolixe cherche aujourd’hui ses mots, et encore, faut-il
que la plume soit de sortie et le papier bien couché. Il fait sombre. Comment
voir la lumière lorsque le vent éteint un à un les phares d’une vie ? La vie nous apprend à nous battre pour
gagner, elle ne nous apprend jamais à perdre. Bien sûr on peut tricher,
afficher des sourires, sourires de façade, mais au fond, dans quel but ?
Tromper et se tromper, croire en ce que l’on ne croit plus. "Inutile, je n’ai
jamais su faire et n’ai aucune envie d’apprendre. Aucune envie du reste."
Que
faire ? Rien, peut-être bien, sûrement même. S’asseoir et laisser choir.
Un à un les comptes se ferment, réels comme virtuels, simple déconnexion. Il
faut du temps, un certain temps, laisser le temps au temps, la seule certitude
étant que les coups du passé ne protège pas des coups du futur, et parfois
même, le futur est un futur proche. Cela n’est ni triste, ni démoralisant, cela
est un fait, point. Cessons d’analyser le factuel selon nos propres visions, il
n’est ni une prévision, ni un art divinatoire. Les faits sont les faits, les
statistiques ne sont que des calculs d’évènements passés, non pas une vision de
l’avenir. Se déconnecter n’est pas s’enfermer, bien au contraire. Se mettre en
retrait n’est pas fermer la porte, d’ailleurs, elle est de tout temps restée
ouverte. La vie nécessite ses pauses, l’hiver aide au sommeil et dans le même
temps à préparer le réveil du printemps. Il y aura un printemps, c’est sûr, et
peut être qu’il n’attendra pas un vingt et un mars pour naitre. Et Peut-être
aussi que d’autres faits surviendront, bons ou moins bons, on ne le sait pas à
l’avance, mais au fond, n’est-ce pas cette magie qui fait la vie et qui fait
qu’on aime la vie ?
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