Une première pause provençale, une prise de connaissance, de repères pour y revenir et goûter aux joies solaires, c’est sûr. Des trésors d’architectures, de natures, de couleurs, comme ces gisements d’ocre qui savent vous faire glisser du blanc d’albâtre au jaune provençal puis vibrer en rouge puissant délicatement veiné de fer oxydé le tout relevé de nuance de vert sur la grande palette du tendre au foncé, sans oublier les verts métalliques des lavandes sauvages ou bien encore des amandiers, l’œil embrasse avant de s’embraser, les nuages clairs et foncés venant jouer sur l’éclairage pour mieux révéler combien une couleur est en fait un bouquet de couleurs qui ne demande qu’à scintiller. Roussillon, dressé sur ses rochers d’ocres, façades colorés, rues pentues, calades patiemment construites, balcons sur des à-pics de teintes variées, c’est là un des charmes de la Provence auxquels j’espérai, sans en imaginer la puissance, la violence des teintes, le dépaysement en si peu de distance. Pas très loin, Gordes parait plus austère, plus minéral, moins coloré, moins fantasque mais non dénué d’intérêt. Bien sûr, il y a là les marchands du temple, les kilos d’herbes dites de Provence quand bien-même elles poussèrent en province de Sichuan, les céramiques aux provenances mondiales et les différents élixir qui fleurent bon le pays aux sons des noms calligraphiés sur les flacons. Economie parallèle, il faut offrir aux touristes ce qu’il y cherche : de quoi ramener et se souvenir, choix multiples de souvenirs.
Souvenir ? Une randonnée, une vraie, à gravir les pentes du massif du Lubéron, un repas pris en lisière de bois sous un pale soleil quant soudain les nuages viennent nous encercler, nous envelopper et disparaitre dans les vallées aux vrombissements d’un tambour céleste dont les zébrures électriques déchirent l’espace pour s’en gagner les enfers et nous faire regagner l’abri du bus et non l’abribus. Une piste qui glisse entre les arbres avant de gravir le relief, une sonorité que je reconnais entre mille, ce brave flat-twin mou en bon français de France, ce moteur à deux cylindres à plat, une belle 2CV noire vient à notre rencontre, et son propriétaire nous raconte ses paysages, le secret de ses petits sentiers qui nous ramènent vers Auribeau. Discussions aux accents chantants et bien sûr discussion autour de passions commune, randonnées et 2CV, un clin d’œil comme on aime en recevoir. Voilà, ce qu’il advint d’un week-end qui aurait pu passer pour désastreux mais si souvent le verre est à moitié vide, il n’est jamais qu’à moitié plein, et dans ce demi plein, dans cette coupe à porter aux lèvres, ce trouve le nectar de nos vies, faisons en sorte de s’en régaler plutôt que de regretter la partie manquante. Rien n’est jamais manquant si on sait mesurer la richesse de ce que l’on a, plutôt que de focaliser sur ce qu’on n’a pas. La Provence sous l’eau, c’est un cadeau offert, celui de chercher la richesse au lieu de la cueillir trop facilement, celui de mesurer combien les paysages sont forts, les hommes riches. Tout cela ne peut que donner l’envie d’y revenir et d’encore parcourir en d’autres lumières ces joyaux découverts.
1 commentaire:
Que de bons souvenirs, et j'y retourne bientôt prendre un bol d'air de romarin, merci de me rappeler combien j'ai aimé cette région d'adoption et je regrette encore de l'avoir quittée.
Le diablotin
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