Billet d'humour

Billet d’humeur, expression adroite pour un encart à gauche du journal du centre, histoire de laisser délirer la prose qui ose conter d’une autre manière l’actualité, afficher son point de vue non sans humour, mais l’humour est matière dangereuse à manipuler, il vous explose parfois à la tête quand ce n’est pas des éclats de voix de personnes déniées non pas de tout humour mais du votre, l’humour est ainsi fait qu’il faut être sur la même longueur pour le percevoir et le comprendre. Accepter est encore autre chose, il ne faut quand même pas exagérer ! au fond, le billet d’humeur serait-il un billet d’humour ? Le titre serait mieux, et inciterait peut-être à la détente avant lecture pour se mettre dans les dispositions adéquates et ouvrir ses neurones au chant singulier des jeux de mots pluriels et autres calembours. L’humeur est matière vivante, elle peut être massacrante, bonne ou mauvaise, méchante, elle peut vivre des sautes, mais ne fait pas des personnes des personnes sottes pour autant, la richesse de l’individu réside dans la multitude de sa diversité.

Humeur du matin ? Chagrin ? Trop facile, et pourtant, ce ne sont pas les occasions qui manquent d’être chagrin. Le temps défile sans qu’on y prenne garde ou conscience, le moi de janvier termine de compter ses jours, déjà…. Un début d’année démarré autour d’une table, neufs personnes réunies, des liens de sang, d’amitié, d’amour, répartis autour du repas pour mettre du liant dans cette assemblée. Et le temps passe, et les liens qui resserrent devient des liens qui séparent et isolent, de ces convives-là, plus de nouvelles ou presque. De quoi méditer sur le temps passé à préparer et la date et la logistique, de quoi méditer sur la volonté de passer ce bon moment en nouant des liens différents, de quoi méditer sur le choix de l’assemblée plutôt que sur celui de la méditation. Alors, oui, chacun a sa vie, ses vies, ses folies, ses priorités, mais si dans le laps de temps, il fut arrivé un malheur (ou un bonheur, en cas de vie meilleure au-delà), tout ce gentil petit monde se serait revu aux parfums des fleurs d’hiver, devant une urne grise, pour se remémorer l’existence de celui qui n’existe plus. Que voulez-vous, la mort est plus urgente et plus prioritaire que la vie. Parfum amer durant le weekend, désormais c’est digéré, ou presque, le temps passe aussi et lisse les sentiments quels qu’ils soient. Et février s’en vient, et le printemps arrivera, les jours rallongent déjà, les liens ne sont que ficelles entre deux vies, étrange mot pour désigner ce qui rassemble que ce terme désignant aussi bien la corde du pendu que le fil invisible reliant deux être, parfois les entrave, les fait basculer, ou bien encore les étouffe, rompt ou se relâche, ainsi va la vie, la ronde des vies. Les amours comme les amitiés, tout vibre, vacille et se renforce sous l’épreuve du temps. Il ya aussi ces lacets qu’on croit attacher entre deux être et dont on s’aperçoit que seul notre côté est attaché. Il y aussi ceux qui vous sont serrés trop fort, vous étouffe, sans comprendre si la volonté de vous étrangler est maladive, calculée ou maladroite. Qui n’a pas vécu d’amours, n’a pas vécu l’amour. L’éventail est énorme, sans y adjoindre les cinq à sept foireux, les histoires de cul ou les parties sportives, la diversité humaine et ses variantes malades suffit à fuir les courants d’air et apprendre les leçons de ces vies et comme si la diversité ne suffisait pas, certaines se voient obligées de vivre à deux dans la même enveloppe de chair, mythomane, schizophrène ou bipolaire, joueuse, active ou passive, l’expérience n’est pas double mais centuple tant on apprend de cela, le blindage aussi devient plus costaud au point d’empêcher de respirer. Il ya aussi ces amours à sens unique, qui vous laissent coi parce que sans voix d’avoir donné sans presque jamais recevoir, parce qu’il est encore trop d’incompréhension entre les êtres, que les relations soient amicales et ce n’est déjà pas simples, mais si on parle d’amour alors là, debout les bouclier, serrons les cuirasses et évitons d’ouvrir la porte du cœur à l’autre. Ces coup de cœurs sont aussi dur que des fins de relations plus longues, l’usure finit par se ressentir, et l’on souhaite que le deuxième cercle, celui des amis soit pas très loin parce que sans communications, sans liens on perd l’équilibre et on tombe, mais ce cercle là est aussi un cercle fragile, parce que notre société a développé la croyance que les choses sont éternelles, et qu’elles ne nécessitent pas d’entretien, et l’on mesure le faux de cela. Ces liens aussi sont fragiles, ont besoin d’entretien, d’être resserrés de temps en temps, sous peine de ne plus unir quoi que ce soit.

Sommes-nous que poupées de chiffon ? Objet de consommation ? Avons-nous trop consommé ? Heureusement qu’il existe malgré ce bilan sombre des vrais liens solaires, de ces liens qui éclairent votre quotidien, viennent illuminer un weekend de blues, mettant encore plus dans l’ombre ces êtres qui oublient qu’hier ils eurent besoin d’être éclairés et qu’avant même d’appeler ils recevaient la chaleur, la lumière des feux de joies. Ainsi va la vie, ainsi va le monde, ainsi va le nettoyage et l’épuration non ethnique des pelotes de laines, on tri, on classe, on jette, on avance. Pour mieux avancer, il faut avancer léger, se détacher des liens morts, se défaire des lests d’un passé dépassé, dépasser ses peurs, oser être et oser vivre sa vie, se donner les moyens d’être soi et tant pis pour le vécu des jours antérieurs, ce n’est pas en regardant en arrière qu’on avance… Alors, avançons !

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