Phares et naufragés

Bien au-delà des peines, bien au-delà des mots
Plus loin que les fontaines, plus loin que les idéaux
Les mots s’enchainent, les propos volent haut

Un regard sans lumière, des yeux qui errent
Un cœur qui se serre, une voix qui se terre
Il n’y a pas de mystère, pas de vie sans lumière

Etre ici et maintenant, être là et absent
Etre las de tout cela, être un être à plat
Au bout d’une vie, au terme d’envie

Assis là au bord du caniveau
La tête cachée entre ses mains
Il est las de ce monde faux
De ce monde sans lendemain

Combien d’hommes et de femmes
Passent sans un regard adressé
Sans même songer au mélodrame
Et disparaissent d’un pas pressé

Et dans ces mouvements là
C’est notre humanité qui va
C’est elle qui passe et s’en va
Sans regard vers l’homme las

La misère n’intéresse pas
La détresse n’intéresse pas
Notre monde a pris pour religion
Argent et paraître, pas très folichon

Cet homme assis là au bord du trottoir
C’est toi comme moi dans nos désespoirs
Nous nous sommes tour à tour assis las
Sur ce trottoir singulier entre vie et au-delà

Dans ces jours sans lumière, nous ne sommes pas tous égaux
Nous n’avons pas tous la même manière, les mêmes idéaux
Pluralité nécessaire, qui nourrit la richesse d’échanger
Diversité obligatoire pour avec l’autre se mélanger

La lumière est en nous que si nous la laissons s’installer
La lumière est en nous que si nous la faisons briller

Elle vacille parfois, mais ne s’éteint d’elle-même jamais
Elle s’entretient toujours, pour nous réchauffer à jamais

Quelles que soient nos heures grises, il est toujours des clartés
Quelles que soient nos douleurs, nos humeurs sont maitrisées

A chaque peine il est un soleil, cela vaut la peine de s’y intéresser
A chaque douleur, il n’est meilleur remède que les flammes amies
Qui d’un seul coup viennent prendre le relais et éclairent nos vies.
Laissons les briller et nous envelopper pour mieux nous réchauffer

Et lorsque demain nous irons mieux, sachons dispenser notre lumière
Eclairer les ombres amies, les âmes en peine, les regards qui errent
Devenir le phare pour ces naufragés de la vie à la recherche de la terre
D’un rivage qu’ils ne retrouvent plus, les guider vers le port salutaire

Arriver à bon port, quoi de plus réconfortant ?
Une fois enfin arrimé à cet anneau de vie
Regarde-t-on encore ce phare qui luit ?
Car il est bien un étrange paradoxe de la vie
Les liens neufs serrés effacent les liens amis

Ou plutôt les masquent, car sitôt envolés
C’est ces vieilles cordes à peine usées
Qui viennent habiles vous raccrocher
Et vous évitent ainsi de vous noyer

Nous sommes tour à tour phares et naufragés
La vie tout comme la mer, possède ses marées
Des hauts et des bas, des creux et des sommets
Ou que nous soyons, n’oublions jamais l’opposé

Penser au sommet lorsque nous sommes au creux
Donne l’énergie de rejaillir et d’aller beaucoup mieux
Penser au creux lorsque nous sommes au sommet
Aide à garder la tête froide et poursuivre la traversée

1 commentaire:

Anne a dit…

L'amitié, la vraie reste toujours intacte que l'on soit phare ou naufragé même lorsque l'on prend de la hauteur !! Un ami, un vrai on est toujours là pour lui, et réciproquement !! Merci à toi !