Il pleut, il pleut bergère

Il pleut, il pleut bergère rentre tes blancs moutons….

Mais les moutons sont partis depuis longtemps,
Mais les moutons sont parqués depuis longtemps,
Dans des hangars, bien serrés poussent les côtelettes,
Sur ces hangars, bien étanches glissent les gouttelettes.

La bergère est partie, ou du moins, elle a changé
Changé de vie, changé de métier, elle est PDG

Elle est fermière, exploitante exploitée à crédits
Elle est femme d’affaires à s’affairer à sa survie

Les moutons paissent une herbe au goût étrange
Les moutons naissent à l’abri sans que cela dérange
Les moutons on s’en fout, ce qu’on veut c’est du gigot
Les moutons, c’est comment déjà ? Noir ? Blanc ? Indigo ?

Il pleut, il pleut bergère, mais bergère n’est plus
Il pleut, il pleut peuchère, comme hier il a plu

Le monde conserve jusqu’au vivant en conserves
Le monde change le naturel en bio et en conserve

Processus sans fin qui lissent et étouffent les saveurs
Processus en procession qui dictent les labeurs
Standardisation des goûts, mondialisation sans fin
C’est l’euthanasie des variétés, la culture du déclin

Mais qui donc sommes-nous devenus pour accepter cela ?
Mais qui donc sommes-nous pour vivre ces choix-là ?

La richesse de l’Homme nait de la diversité,
A l’aseptiser, l’Homme est en train de se suicider

Il pleut, il pleut bergère, sort vite tes moutons
Qu’ils soient blancs, noirs, béliers, brebis ou agneaux
Qu’ils aillent paitre en des prairies vertes à foison
Mets vite ta capuche et cours respirer ce ciel d’eaux


Il pleut, il pleut bergère, mais la pluie, c’est la vie !


  

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