Pause

Une pause parmi la pause…. Une pause que rien n’oppose…. Une pause pour se poser, trouver le souffle, le second souffle, celui qui permet de repartir, encore plus fort, encore plus haut, encore plus loin…. Une pause où même le stylo s’est posé, comme une nécessité, je dirais presque, un mal nécessaire avant de repartir noircir le papier. Cahier ouvert, page restant immaculée, combien de fois le désir d’écrire s’est-il évanoui avant que je ne reprenne la course des lettres, avant que je ne retrouve le plaisir d’écrire ? On a coutume de dire, qu’à toute chose, malheur est bon. Pourquoi ? N’est-ce donc pas le bonheur qu’on recherche ? Ne vit-on que parce que la mort s’oppose à la vie ? Ne jouit-on du bonheur que parce qu’on trouve la malheur en toute chose ? Principe de dualité inculqué aux travers des âges, le bien et le mal, le blanc et le noir, le jour et la nuit…. Le boulot et le repos, le repos et la pause….. Pause.

Café, stylo, cahier, terrasse. Oups ! ça sent le déjà lu ! Ingrédients nécessaires, plaisirs multiples pour s’y remettre. La maison dort encore, la timide fraîcheur du jour naissant essaie de rafraîchir les volumes, les arroseurs distillent leurs pluies de vie sur l’herbe jaunie, encore un moment, encore une pause avant d’achever le sac, se préparer à lever l’ancre vers le port d’attache des vacances, vers le phare au bout de l’estacade, vers les reflets blanc d’écume et vert sombre de vie de cet océan ami au pouvoir régénérateur. Partir ou rester ? Encore une opposition….. Travaux ici, repos là-bas, je ne sais ce qui me retient ici, ou plutôt, je ne le sais que trop bien…. écorchure, blessure, cicatrice, la vie…. Construire, détruire, ranger, sortir, épousseter, redresser, partir, repartir, naître, mourir, renaître, vivre tout simplement. La vie est une succession de choix, bons ou mauvais, cela reste des choix, à assumer avant tout, sans regrets, sans retour vers un passé que l’on a clôt. A quoi bon rouvrir les boites des souvenirs ? A quoi bon rebrousser chemin sans savoir si nous sommes dans une impasse ? Avancer, tout droit, marcher, tracer sa route, laisser hier enterrer hier, laisser les fantômes hanter les nuits que l’on fuit, laisser le soleil d’aujourd’hui éclairer la route, notre route. Le passé n’est passé que lorsqu’on en a tiré les enseignements, compris les erreurs, soigné les souffrances, guéri les blessures. Le passé ne peut-être passé que lorsque il est vide de tout sens, les choses sues, les leçons apprises. Sans accomplir ce travail, il n’y a pas d’avancée possible, le présent est suffisamment riche et palpitant pour nécessiter d’y être investi complètement. Les aller-retour entre hier et aujourd’hui ne peuvent qu’empêcher d’avancer, car, à trop remuer les souvenirs, on les ordonne mal, on les classe mal, on va focaliser sur les bons points d’hier lorsqu’on voudra s’évader des difficultés d’aujourd’hui plutôt que de chercher à les résoudre dans le bon espace temps. C’est aujourd’hui qu’il faut agir, discuter, progresser, analyser l’événement, pour en rectifier la trajectoire, avant l’anéantissement. Chercher à revivre hier, est une tournure du passé, un retour vers des vies éparses, croire en un futur qui est déjà mort.

Pause. Ecriture. Respiration. Période estivale, congés bien ou non mérités, les avis divergent, le besoin de souffler a le droit de vivre, le temps d’un souffle, le temps qu’il faudra…. Ne jamais faire la course contre le temps, lui seul décide des choses, des rythmes, des saisons, des événements. Aucune sorcellerie ne peut influer cela. La terre de nos ancêtres recèle encore bien des secrets, mais les plus beaux, les plus forts, sont ceux de l’humanité actuelle et à venir. Gardons foi en demain car demain est notre avenir. Le présent s’étire, période indéfinissable entre hier et demain, il est pourtant la richesse même, celle qui referme les livres de vies passées, celle qui trace les esquisses des couleurs de demain. Autre tome, nouvelle vie…. Vies enfuies. Pause. Pause avant la vie. Pause dans la vie. Pause, avant la reprise…..

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