Play


Pause. Ce dernier texte, avec mon habitude de jouer des mots et d’en chercher des sens multiples, toujours cette manie d’en tirer les sens, cachés ou non, l’essence des mots, sans arrêt, sens caché et non sens interdit, sensibilité particulière, sens unique? Surtout pas! Cela serait un non-sens, un renoncement au plaisir de découvrir autre chose, sans tabou, ouverture aux plaisirs des sens, jouer des mots, jouer avec les mots, pour le plaisir des sons et des sens, habitude, quand tu nous tiens! Pause donc, et en écrivant ce mot, je pense à la touche d’un vieux magnétophone à cassette…. Pourquoi un magnétophone et non un magnétoscope, un lecteur DVD, DVIX, Blue Ray, MP3, MP4, ou autres technologies plus actuelles? Parce que c’est cette image qui vient à ma mémoire, sortie du tiroir des souvenirs de l’enfance. Un magnétophone à cassette, commandé par correspondance, attendu patiemment, découvert familièrement, en essayant tour à tour de s’enregistrer, puis d’écouter cette voix si différente de la notre que nous connaissons mieux que quiconque puisque nous l’écoutons de l’intérieur depuis toujours…. Un boitier énorme, où s’engouffraient de nombreuses piles pour quelques minutes d’utilisation, un clavier à grosses touches, avec la découverte de mots anglais, avec la découverte de hiéroglyphes qui peuplent encore la pyramide de nos appareils électroniques aujourd’hui…. A une époque où le must était les bons gros magnétophones à bande, le début de la miniaturisation, dans des proportions qui font rire les moins de 25 ans, se présentait sous la forme compacte d'un bon gros dictionnaire à la face ornée de gros boutons. Play! Et que la musique démarre! Premiers enregistrements pirates, le micro collé contre le haut-parleur de la radio en petites ondes, sud radio diffusait ses tubes, la cassette violette les stockait avec les bruits ambiants captés au passage, pour mieux les jouer plus tard. Nostalgie? Non, agréable souvenir au moment de jouer des mots et des sens, au moment d'écrire ici, sur mon bord de monde, la tête à l'ombre des chênes, quoi de mieux pour glander?
La pause est là, mode «play» activé, phase active des congés, phase sportive aussi, entre baignades et vélo, footing et roller, réflexion et pensée, poursuite de l'éveil et du développement personnel aussi, au travers des lectures, au travers des remue-méninges, cette période-ci de l'année, favorise les remises en questions, la pause permet de se poser les bonnes questions, de réfléchir à hier dès aujourd'hui pour construire demain les lendemains de demain. La vie est une maladie mortelle qui s'attrape à la naissance, mais qui mérite d'être vécue! Il n'y a pas de mauvais moments, juste des étapes essentielles à la construction, tout comme les devoirs de la scolarité aident à enregistrer les règles et les leçons, les choses vécues sont toujours bonnes, si ce n'est sur le moment, c'est lorsqu'en en tire l'essentiel, qu'on s'en sert pour progresser et poursuivre son évolution, mal nécessaire de l'être vivant. Bien sûr, on est tenté parfois de parler d'échec, mais à vrai dire, il n'y a échec que si l'on ne tire pas l'enseignement d'une fin d'histoire, d'un impasse, de ce qui peut apparaître comme une erreur de casting, une erreur de choix, un mur trop tôt arrivé. Réflexion. Quoi de plus propices que les éléments d'ici pour poser ses fesses dans le sable, regarder les vagues sous le soleil, voir la vie dans toutes ses manifestations pour diriger l'esprit, s'évader dans le vol des mouettes, s'enfuir au loin, vers ce bel horizon qui accompli la prouesse d'unir le ciel et l'eau en une ligne dont on ne sait s'il est azur ou embrun? Et puis, comme les vagues, partir de cette ligne fictive et bien réelle pour nos yeux d'humains à la vision limitée, se gonfler d'écume riches en sels de vie, rouler des mécaniques pour venir inonder la plage, la mouiller plus haut que le rouleau précédent, racler le sable, se délester des coquilles vides du passé. La vague ne disparaît pas, elle se noie dans la foule de ses condisciples, échange sa substance avec d'autres, et allégée des poids inutiles du passé, poursuit son chemin à travers les flots. Elle reviendra bientôt, plus forte, plus calme ou plus puissante, visiter d'autres bouts de plage, démolissant les châteaux de sable, rêves immobiles de moments futiles d'une existence qu'on a cru dorée.
Comme la vague, on roule, on se jette, on part, on revient, mais surtout, on ne change pas les autres, on change soi. Nos vies qui se croisent, se frôlent, font parfois même un bout de route ensemble ne sont que deux vies séparées unies dans un même projet, sans contrôle d'un sur la vie de l'autre, sans envie imposée, juste des échanges, des mains tendues qui se rejoignent dans des visions communes, dans une envie commune, celle de la noble arithmétique du couple dont le seul résultat ne peut-être que deux, ni moins, ni plus. Qu'un être manque à l'appel et il n'y a plus d'existence du couple, à peine le duo peut-il fonctionner, si les bases sont établies, l'envie commune d'avancer ainsi. Qu'un intrus s'ajoute et s'immisce, le couple vacille, si ce n'est visiblement, c'est celui des deux qui ne sait vers qui se tourner qui s'y détruit sans s'en apercevoir d'abord, sans compter que la découverte peut devenir explosible et destructrice. L'humain ne réagit donc pas à toutes les lois physiques comme la matière. Si dans les assemblages mécaniques, les systèmes triangulés sont les plus stables, l'être humain lui, ne s'assemble qu'à deux. Certes, il est des spécimens cherchant l'anonymat de la tribu pour y évoluer, certes, il en est d'autres qui ne fonctionne bien que seul, mais ce ne sont-là que contres-exemples servant à mieux définir le constat établi.
Play. Encore. Si certains jouent et cherchent leurs voies dans le jeu, ce n'est qu'une étape à franchir dans le cours de l'évolution, le temps de se vider et de s'abandonner, le temps de se défouler, le temps d'évacuer et d'exorciser peut-être des impasses parcourues précédemment. Tôt ou tard, la vie appelle l'évolution, les questions essentielles apparaissent et secouent les neurones, le temps de se poser vient enfin pour essayer d'y puiser les réponses. L'esprit divague au-dessus des vagues. Comme elles, il y puise la force, il se charge des éléments essentiels pour venir inonder puissamment la plage joliment fréquentée, y déposer sa griffe et montrer qu'il est aujourd'hui de retour, plus fort qu'avant, plus riche qu'hier, avec une plus grande envie de vivre encore, et si possible de vivre encore longtemps pour exploiter durablement les enseignements patiemment collectés et distillés.
Play! Jouons donc haut et fort, jouons dans l'esprit de ce qui n'est pas un jeu, mais dans la beauté de ce qui bâtit les lendemains bien au-delà des folles espérances d'un passé bien révolu. Et, plutôt que jouer, si nous disions «avancer»?

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