Sous le signe de Phoebus

Début de nouvelle ère, me voici venu à me tourner vers le soleil, profitant de sa toute bienveillante protection, de sa chaleureuse générosité, je puise dans son doux rayonnement la toute puissance de son énergie, et, par le jeu de quelques cases bien noires, j’en convertis le feu en électron, la lumière plonge dans l’abime des dalles sombres pour s’y transformer en énergie maitrisable. Quelques panneaux sur un toit, quelques électrons dans les fils, petit geste citoyen et même éco citoyen, me voici devenu producteur d’électricité. Opération simple, prendre à la source de nos jours ce qui illuminera nos nuits, capter et vendre, sans d’autres contraintes qu’un peu de technologie bien orientée pour que le miracle soit. Devant la simplicité de la chose, la rapidité de son installation, comment ne pas se demander pourquoi la démarche ne prend pas, au moins sur les bâtiments publics ? L’énergie propre, la diminution des rejets de CO2 ne sont donc pas des arguments suffisamment recevables par nos gouvernants ? Le solaire est aujourd’hui chose au point, qui a certes un coût, mais, ce coût-là comparé au coût des conséquences des émissions de CO2 d’autres moyens de production d’électricité dans notre beau pays n’est-il pas suffisamment justificatif ? Pourquoi ce peu d’entrain des communes, comme des gros industriels, qui pourraient aussi bien doter leurs nouveaux bâtiments que leurs rénovations de toitures appropriées pour aider à produire plus d’énergie propre ?

Les choses les plus simples sont les plus compliquées à mettre en œuvre, les moins évidentes à rendre évidentes. Le soleil luit, et de sa lumière, non de sa chaleur, nait la force électrique. Principe mal expliqué, sauf à quelques esprits éclairés, l’électron nait du photon, magie de l’électronique, ce qui fonctionne quelles que soient les températures, hiver comme été, sous le soleil comme sous la pluie, l’alchimie opère. Bon, pour produire de l’électricité, il faut de la lumière, donc la nuit, rideau ! Cela ne peut-être une solution autonome, à moins de prévoir de suffisantes batteries, chargées le jour, se vidant la nuit dans nos dispendieuses machines électriques. Le choix n’est pas l’autonomie, mais plutôt de participer à la dépollution de la planète, de contribuer à l’effort collectif, selon mes moyens tout comme savaient le faire nos grands-pères lorsqu’ils s’employaient à entretenir les chemins et les parcelles communs. Collectif. Une valeur qui disparaît de notre civilisation, simplement exercée aux lendemains de catastrophes, ignorée lorsque tout se passe bien. Certes, des mesures sont en place, pour le rachat de l’électricité, mais cela ne doit pas faire disparaître le coût premier de l’installation, ni même les contraintes qui peuvent y être liées. Je ne suis pas non plus philanthrope, l’investissement est aussi calculé pour que l’opération s’équilibre d’elle-même entre financement de l’installation et revente des ressources, mais qui peut être sûr et de quoi, surtout de nos jours où les lois fleurissent et périssent au rythme des changements de ministères et d’impact chiffré sur le grand baromètre des sondages hyper présents ? C’est un concours de circonstances, entre exposition géographique de la maison, possibilité technique et moment présent. Les panneaux sont donc fixés sur le toit, en lieu et place des tuiles qui de toute façon devaient être remplacées vu leur état calamiteux, les connexions en place, reste les derniers branchements à faire pour produire et livrer sur le réseau électrique public. Impact visuel ? Oui, bien sûr, là ou un toit de tuiles rouges était hier, il y a aujourd’hui une mosaïque de dalles sombres et brillantes. Les yeux s’y habitueront, comme à d’autres fenêtres de toit nouvellement implantées, surtout que le déploiement se poursuit sur les toits alentours. Pas de bruit, pas d’autres nuisances, peut-être se posera la question des recyclages des panneaux, car, sur cette planète, ce qui est bon un jour ne l’est plus le lendemain, mais j’ai aussi bon espoir que d’ici le remplacement des panneaux, la technologie ait encore progressée et les techniques de recyclage aussi.

Un choix de cœur, un choix aussi technologique, mais il faut dire que je n’avais pas envie d’éolienne ni de centrale à vapeur sur mon lopin de terre. Et puis, du ciel, je reconnaitrai ma maison, non ? Un jour viendra où le déploiement sera étendu, où l’on demandera aux particuliers de participer localement à la production d’une partie de leur consommation, sans quoi, au vu de l’explosion exponentielle de nos demandes en énergie, nous devrons étendre la toile radioactive de nos générateurs dont on ne connaît la sûreté qu’une fois le feu d’artifice activé. Entre soleil et uranium, je préfère notre astre lumineux, loin du désastre migraineux, juste retour des choses, la vie sur terre est née du soleil et de l’eau, on lui doit notre énergie, on l’oublie parfois…. Du soleil nait la lumière et naitra donc désormais la lumière électrique. En attendant, les travaux se poursuivent, les tuiles autour font valoir leurs droits à la retraite, les aménagements se poursuivent, intérieurs et extérieurs, car le gros avantage d’une maison c’est de n’être jamais finie, de générer sans cesse de nouveaux défis, de nouveaux challenges, la seule contrainte restant la contrainte budgétaire, sans quoi il serait aisé de faire voire même de faire faire, non ?

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