Paraître ou être?

Paraitre ou être, y-a-t-il seulement une question ?


A l’heure où les émissions télévisuelles se multiplient sur l’art de rendre plus présentable, on pourrait se poser la question. Il est vrai qu’il est si facile de sortir les pinceaux, de choisir dans le spectre de non couleurs afin de plaire au maximum de personnes, d’aller jusqu’à peindre à même les anciennes tapisseries et tant pis si cela se décolle plus tard…. Un bon coup de blanc au plafond, un bout de plastique qui en jette justement jeté au sol, deux ou trois mobiliers tirés d’un fond de poubelles ou d’un opulent garage et là aussi, savamment peint en blanc ou en gris, perluette, cacahuète, le tour est joué ! Pour renforcer l’efficacité de cette poudre de perlimpinpin, n’oubliez pas de faire découvrir le tout en plein nuit sous la douce lumière fort accommodante de bougies odorantes…. Ça, c’est pour le logement…


Côté personne, voyons, un peu de maquillage, une coupe de cheveux digne d’un plus grand créateur, quelques vêtements bien choisis et hop, vous voilà sans un faux pli un nouvel être dans la carapace du paraitre… Gare au réveil, au retour vers la vraie vie, en mode décoiffage et mauvais pli d’oreiller, lentement le retour vers le confort de la vieille fringue revient, mais pas de soucis, il vous restera toujours les images de ce moment face aux projecteurs, sans la couche de fond de teint pour ne point trop briller sous les sunlights des plateaux….


D’autres paraîtres ? Voyons, nous sommes une famille en difficulté, nous croulons sous les dettes et habitons un logement salubre à la limite de l’insalubre… Pas de soucis ! En une semaine, exit les collections de meubles et autres objets hétéroclites patiemment accumulés au fil des dons des personnes de votre entourage qui vous veulent du bien et surtout à eux en se débarrassant de ce qui désormais vous encombre, on casse les murs, on construit de belles vérandas qui ne demandent qu’à surchauffer, ici une cuisine immense, là une multitude de salles de bains allant même jusqu’à placer une baignoire par habitant et des tonnes de chauffe-eaux électriques au ventre plat certes, mais électriques tout de même, tout comme ces magnifiques panneaux chauffants et autres beautés de toute beautés… Là, c’est bien, mais pourquoi personne ne sort la calculette pour expliquer un peu à cette famille endettée que la note de nucléaire s’en va bien vite grimper à des niveaux non négligeables ? C’est beau, c’est bien emballé, joliment filmé, mais vraiment, a-t-on besoin de deux baignoires séparées par une verrière en aluminium dans la salle de bain de la suite parentale ? Et c’est pareil pour les mobiliers trop typés enfant, les portes et les pièces aux dimensions des petits qui ne le seront pourtant pas longtemps…


Ce qui manque, c’est un reportage sur l’après… Que sont-ils devenus ? Comment leurs vies a changé, que sont devenus tous ces aménagements pour quelles évolutions économiques ?  C’est vrai quoi ! Au moins, lorsque une tornade blanche s’en vient faire du ménage dans les cuisines d’un restaurant au rythme des coups de tonnerres vocaux et d’images tellement terrifiantes qu’on imagine les croix blanches du cimetières des anciens clients, au moins lorsqu’on a vu certains paquebots se remettre à flot, le décor pimpant et les sourires aux lèvres, on a droit de visite quelques mois plus tard pour mesurer l’efficacité et l’appropriation par les acteurs des règles inculquées. Parfois un rideau baissé, abandon par jet de l’éponge, souvent de belles et bonnes choses et la tornade blanche se révèle sous le soleil radieux de l’humain, celui qui a su noyer le paraitre pour en faire naitre l’être. La peinture a-t-elle bien tenue sur la vieille tapisserie ? Ce joli brun chocolat ne vous a-t-il pas lassé ? Allait-il seulement avec vos meubles ? Passée la mode du brun taupe, y-a-t-il une existence, une sorte de vie après la taupe, fut-elle taupe modèle ?  Faire des travaux, relooker son nid, c’est bien, parfois cela nécessite  des transformations bien plus en profondeur que le simple coup de pinceau, l’âge des artères du logement impose non pas le respect, mais à la mise aux normes de notre époque tellement plus consommatrice, électricité comme plomberie, c’est un peu au fond, la partie invisible de l’iceberg, celle qui peut vous faire couler et anéantir vos travaux de surfaces. Au final, toutes ces émissions finissent par faire peur : on focalise trop sur le beau, pas assez sur fond. Le paraître attire, l’être retient, entre un coup de foudre et une histoire, que choisiriez-vous ?     


  

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