L’année
avance, elle file, laissant sur place deux mois déjà, et dans cet hécatombe de
jours disparus aux champs d’honneurs, s’en vient fièrement mars… et ça repart.
Trop tard pour l’hiver dont l’entrée pourtant fut acclamée, les jours
rallongent, les tempêtes ont beau tempêté (bien qu’une tempête tempêtant n’ait
rien de beau) le combat du jour sur la nuit se gagne chaque jour un peu plus,
la douceur du jour y retrouve du mordant et l’humeur des êtres bien de
l’intensité. Désormais la vie s’extériorise un peu plus, et bien avant que la
foule ne se presse sur ces chemins de sable, il est à présent l’heure de venir
par ici respirer.
Ni
rituel, ni fausse habitude, juste une nécessité, comment pouvait-il vivre sans
cet air si puissamment iodé, comment pourrait-il se contenter d’une ou deux
bouffées annuelles, non, désormais cet ailleurs était un ici, un essentiel,
faut-il vivre autrement, non, la vie
s’équilibre toujours entre plusieurs pôles, un diamant ne brille que pas ses
multiples facettes, cet ici en était une, essentielle certes, mais une. L’hiver
est passé, il a rugit et vomi ses flots de bois, arraché les sables et bouger
les rochers, la côte reprenait un air sauvage qui lui va si bien et à choisir,
il préférait de loin cette image brute plutôt que celles des plages bondées aux
odeurs âcres et sucrées des beignets et autres fritures d’un été à succès. Le
monde. Personne. Plein. Vide. Subtil équilibre. Il n’y a pas d’antagonisme
entre ces deux saisons, il y a deux facettes différentes mais tellement complémentaires,
avoir la chance de vivre ici et de fréquenter cela était bel et bien une
richesse. Pour l’heure, les pas étaient nonchalants, presque sans but, juste
marcher, respirer, voir et reprendre contact avec le monde, ce monde de nature
qui vient vous offrir en guise de bouquets des arbres arrachés on ne sait où.
Quelques promeneurs cueillaient de ci, de là des morceaux de bois à la peau
blanchie, futurs trésors pour de futurs bricolages sans doute tandis que des
oiseaux froids rasaient les crêtes d’écumes à la recherche d’on ne sait quel
autre trésor. Toute la subtilité de nos vies se résume ici : les trésors
des uns ne sont pas les trésors des autres et si parfois comme ici chacun se
complètent et s’oublient, il est des fois où les combats en découlent.
« L’oiseau boit l’écume du jour, les hommes écument les bois du
jour » inscrit-il dans un coin de sa tête, matière vivante rejoignant la
matière cérébrale dans l’espoir de futurs jeux d’écritures… On a beau être en
errance, on n’en oublie pas pour autant les instants d’écritures, ceux à venir
dans l’avenir des fraiches soirées. Des aboiements le tirèrent de sa rêverie,
reverrait-il sa verte prairie lui qui pour l’heure rêver sans bruit face aux
tonitruantes vagues rongeant le sable d’une plage oubliée ? Les chiens
aboient, la caravane passe, et elle avait maigre allure cette
caravane-ci : trois chevaux promenant d’anonymes cavaliers au ras des
vagues, voilà ce qui avait fait réagir un chien laisser trop libre qu’un maitre
avait du mal à retenir fasse à ces équidés soudainement nerveux. Le partage des
espaces publics présente parfois des frontières trop floues surtout en ces
débuts d’années, malgré leurs similitudes de démarrage, faut-il interdire ou
bien interdire d’interdire ? Au fond, c’est là le prémices des jours plus
chauds, les subtilités de la cohabitation entre bronzeurs et joueurs de
raquettes, entre baigneurs et apprentis surfeurs, somme toute l’humanité se
retrouve lorsqu’elle joint ses frontières. Encore une idée à noter dans un bout
de matière grise, une image faisant le parallèle entre hiver et été, tout en se
demandant ce qu’il préférait le plus ? « Ah oui, le printemps et
l’automne, les jours y sont doux et la fréquentation pas démesurée, peut-être
bien les meilleurs moments mais il n’empêche que profiter de chaque instant est
encore ce qu’il y a de mieux » se dit-il. « Bientôt ».
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