Retour
aux essentiels, les éléments, ceux qui composent et dirigent nos vies, ceux qui
bercent et dirigent nos sens, les basiques devenus méconnus car surement trop
basiques… L’eau, l’air, la terre, le feu, le bois, la pierre, le métal, c’est
par là que tout commence, c’est par là que tout s’achève, il n’y a pas plus de
début que de fin, simplement un éternel recommencement, la vie. La vie
justement, c’est ce torrent impétueux qui parfois devient fleuve tranquille,
qui parfois gronde et monte, roule et ronge, s’obscurcit et emporte avec lui
vos plus grands trésors laissant derrière lui le chaos. Du chaos naissent les
larmes, amères et bienfaitrices, il faut savoir attendre, apprendre, cicatriser
avant de s’essayer à sourire, sourire à la vie, qu’elle soit ruisseau guilleret
ou fleuve amorphe. Il n’y a pas de méthode, il n’y a pas de tempo, à chacun son
allure, à chacun ses travaux. Libre cours.
Voyageur
assis sur le bord de son monde, il erre à la recherche d’il ne sait pas trop
quoi, peut-être bien de lui-même, voyageur assis sans âme, ou presque. Partir,
déménager, tout quitter, rompre le cercle comme pour rompre le sortilège mais
il n’y a pas de sortilège, il n’y a pas de cercle, d’ailleurs, tout ne tourne
pas si rond. Que faire alors ? Prendre le temps, son temps, digérer,
effacer, sauf les leçons, avancer, construire, reconstruire, ici, ailleurs,
mais maintenant et vient alors l’idée de base : les éléments. La pierre
est solide, elle est bonne pour le pas, le bois pousse droit, il sera mur, le
métal apportera sa résistance, ses éclats, le feu, l’eau et l’air s’en
donneront à cœur-joie pour qu’ici naisse la vie, l’autre vie, celle qui ne fut
pas jusque-là. Les couleurs y vont aussi de leur tonalité primaire, le naturel
s’en vient au galop quand bien même il ne fut pas chassé, et lorsque le bois et
le rouge s’épousent c’est tout de suite un feu de joie. Pas à pas, la vie se
construit et même s’il en reste des brulures, les cicatrices font peau neuve.
Le temps est un ami que l’on n’attend pas, que l’on attend plus, il nous a fait
tellement faux bond, il s’est tant moqué de nous qu’on a passé quelques
amertumes à lui en vouloir. Peu importe. Hier a fui et avec lui sont partis
mille rêves de lendemain. Aujourd’hui sont les brumes d’un rêve dont on
n’attend pas la fin. Silence, la plus belle des rimes à espérances. Il vit. Il
y a la majesté d’un fleuve bien établi entre ses berges, il y a en lui la
fraicheur du ruisseau, les sonnailles de la rivière et la force qu’il faut pour
faire rouler les pierres. Il y a l’oxygène des arbres, la mousse des bois, les
odeurs de fougères qui restent tenaces malgré les cultures traversées jusqu’à
venir se frotter aux senteurs iodées du grand océan. Le fleuve est le trait
d’union entre montagne et océan, entre deux mondes, entre deux passions. Les
sommets, la neige, la flore du printemps, la chaleur de l’été, les grands pins
buvant les marécages, les fougères épaisses, le sable brûlant d’une côte
océane, comment résister ?
Le
voyage est tout autant en odeurs qu’en couleurs, il y glisse ses pas. Parti de
rien, revenu de nulle part, errance loin des souffrances, chemin sans croix, le
pas léger et le bagage mince, de son calepin bien des papillons se sont
envolés, normal, il n’y avait plus rien à voler. Voleur de temps, voleur de
sourire, voleur de soin, voleur de rire, voleur d’ennui, c’est ennuyant les
voleurs, ils s’en viennent tellement travestis que vous les voyez en ami
lorsqu’ils ne sont que des voleurs de votre vie, des croqueurs de vos bonheurs
vous laissant en retour que la paille de leur cachot, se croyant libre d’aller
ainsi et d’être. Son cachot n’a plus de porte, il n’en a jamais eu, au fond, la
porte de nos prisons n’est que celle de notre imagination, là est la clé. Partons.
Soyons voyageur, immobile ou mobile, soyons créateur, il suffit d’être à notre
écoute dans notre tempo, osons. Il n’y a jamais que les premiers pas qui
coûtent, par le début recommençons. Du bois, de la pierre, du métal, de la
terre, du feu, de l’eau et de de l’air, voilà les bases d’un monde nouveau ou
plutôt d’un renouveau. Doucement, pas à pas, apprendre à réapprendre, apprendre
à comprendre, poser son pas, ses pas, se poser et voir, prendre le temps de
voir, alors, tout au bout du tunnel s’en vient la lumière…
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