C'est si beau la vie !

Une vie, quoi de plus banal et de plus anonyme qu’une vie ? Succession d’étapes, d’événements, parcours anodin ou montagne russe, des hauts et des bas, des bas faisant débat, des hauts parfois pris de haut, des lendemains qui chantent devenant des hiers qui pleurent, des sentiments d’être arrivé au bout, d’être à bout, et pourtant, l’horizon n’est jamais atteint, la noirceur d’un soir cache souvent le ciel bleu des jours suivants. Difficile de croire cela lorsqu’on est arrivé à ce bout qui n’est pas un. Difficile d’écouter les autres lorsqu’on a l’impression que le plancher s’efface sous nos pas chancelant. Difficile de croire que la mort n’est pas une solution lorsqu’on a l’impression d’avoir le tour de la vie, de sa propre vie.

Des étapes de la vie, les plus durs sont ceux qui nous forgent, les plus doux nous enveloppent d’un bonheur fugitif dans l’instant, laissent quelques traînées de nuages les jours suivant, puis au final, ce ne sont que des instants vécus, de belles images classées dans les albums de notre vie. Parfois on les regarde la larme à l’œil, parfois les pages se collent de ne plus être ouvertes, de ne plus être vues, des vues sans vue, des bonheurs qui fanent tout seul sans jamais entrevoir la lumière. Les vrais étapes qui nous font réfléchir, avancer, construire, se reconstruire, ce sont malheureusement les échecs qui nous y amènent, du moins, à condition de le vouloir. C’est en approchant les doigts de la flamme qu’on apprend la chaleur et la brûlure. C’est lorsque la flamme s’éteint qu’on découvre le froid et la solitude.

Peut-on grandir sans tomber ? Doit-on tomber pour grandir ? Faut-il perdre pour gagner ? J’en suis presque sûr. Les étapes essentielles de la vie sont les lendemains de défaite, oh ! Pas ce lendemain, ce jour juste après, journée gueule de bois, journée affreuse, terrible, ou on a plus envie de jeter les armes au travers des larmes, non, lorsque le travail de digestion commence, lorsque l’éveil à la vie se fait plus fort que la quête d’une mort soit disant libératrice, lorsqu’on s’appuie sur les échecs plutôt que de couler sous leur propre poids, lorsque avancer n’est plus un effort subi, mais redevient une fonction naturelle. Certes, les premiers pas sont durs, certes les premiers pas coûtent, mais le prix d’une vie vaut bien les efforts effectués, et, quand après quelques pas, après avoir repris la route, le long chemin de la vie, quand après ces jours passés à avancer et à digérer, lorsque enfin on regarde dans le rétroviseur, histoire de voir le chemin parcouru, histoire de voir notre vécu, alors on mesure combien on était dans l’erreur, on mesure combien on a failli faire fausse route, descendre du train par une erreur fatale et sans retour.

Moi, j’ai ce blog, mes textes, sans parchemin,

ces textes empilés depuis le début du chemin,
ces textes qui sonnent les heures de ma vie, encore,
ces heures qui résonnent dans mon cœur et mon corps.

Moi, j’ai ce texte, écrit, il y a un soir,
moi j’ai ce texte tout noir,
moi, j’ai ce texte de sinistre mémoire,
ce texte bien noir,
bien sombre,
ce texte d’au revoir,
dans le nombre,
ces écrits noirs,
ces mots sur l’écritoire,
ces mots de désespoir.

C’est sur ce fumier d’une fin de vie que sont nées des vies nouvelles, des amitiés, des sympathies, des fleurs, si fragiles et si belles, qui elleq seule savent illuminer la vie, ces fleurs au parfum si léger et si envoûtant, qu’on se met à croire en l’espérance d’une vie meilleure, qu’on se donne soudain une seconde chance, qu’on range la corde qui devait tirer un trait sur cette vie mal ficelée, comme quoi, parfois, la vie ne tient qu’à un fil.


Bizarre, moi ma vie s’est retenue à un fil. Virtuel. Liaison à haut débit, pour une liaison de plus en plus réelle, de plus en plus fusionnelle. Les paroles s’envolent, les écrits restent. Parfois les choses se décident sur le fil, allez donc parler de WIFI dans tout ça !

Sans ces mots-là qu’aurait-il été écrit de ma vie ? Quand je relis ces mots-là, quand je pense à ce soir-là, je rigole que ce faux pas ne fut qu’un faux pas, sans ça, je ne n’aurais pas connu tout ça, même si les plus belles pages sont encore à écrire, et je préfère de ce soir-là n’avoir à lire que des mots gris et froids sur l’écran blanc de mon bureau que d’imaginer des lettres dorées sur une pierre froide au cœur d’un matin blanc. Non, de tout ça, je ne retiens pas le gris ni le triste, de tout ça je retiens la bêtise qui faillit être faite, de tout ça je retiens les lendemains, le chemin parcouru… Déjà ! Tout ça ! Que le temps passe vite, que les cycles savent évoluer et qu’il fait bon quand la roue tourne ainsi.

Un texte parmi quelques écrits. Un blog pour débloquer, pour libérer dans l’écrit, les cris trop contenus, et encore et toujours, des textes sans prétention… Je ne sais ce que demain nous réserve, je sais simplement ce dont j’ai envie, et cela me suffit.


Ah, si, juste un truc, j’espère tout de même avoir encore du temps et de l’envie pour compléter les pages virtuelles de ce blog. Après tout, je lui dois bien cela et encore bien plus, ma vie… Hum ! Y aurait il un double sens dans ces mots-ci ? Allez savoir ! Jongleur de mots, jongleur de phrases, joueur de sons, joueur littéral sans s’imaginer littéraire, plaisir des mots, plaisir d’offrir, la vie racontée sous formes écrites, la vie tracée dans des courbes manuscrites, la vie…
C’est si beau la vie !

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