L’été
est là, la saison est lancée, pourtant cette année, il y a peu de monde, à
peine quelques habitués mais peu de vacanciers… Météo ? Crise ? La
limite du trop cher a-t-elle fini par s’inscrire en rouge vif sur les livres de
comptes ? A force de ponctionner taxes et impôts en tout genre, à force de
geler les revenus et salaires, la croisée des chemins devient un gouffre où les
plaisirs disparaissent, à corps défendant. Triste époque. Un œil sur la météo
des actualités, bigre, c’est de pire en pire ! Agressions, meurtres,
viols, faux viols, fausses agressions mais réelle agressivité, morts en fin de
vies et mort aux espoirs, putain, que cet été saigne fort…. Mais où
va-t-on ?
Un
coin de nature, un coin de forêt, un espace où marcher, où courir, mais ciel,
que fait donc cette valise et ce corps en pièces détachées dans ce coin de
bosquet ? Sordide affaire sortant de l’anonymat ce coin de terre en bord
d’océan. Lassitude de tout ceci, le step de la morosité est passé, c’est plutôt
une forme d’abattement général, une sorte de battue aux seconds souffles. Le
vent souffle. Surprenant par ici, mais il est vrai que les dernières tempêtes
ont brisé bien des remparts naturels aux assauts d’Eole, il faut à la fois
vivre sans ses espaces d’air pur et avec ses coups de vents parfois trop
rafraichissant, surtout dans un été qui peine à installer ses chaleurs. Puis il
y a la frénésie du déboisement, les parcelles qui tombent pour laisser place à
des constructions, d’autres arrivées à maturité de production et dont leurs semis
ne prendront de la hauteur qu’aux prochaines générations. Que t’arrive-t-il ma
terre ?
Un
grain de sable dans la marche en avant, voilà l’horizon qui déraille. A trop
avoir usé des libertés, nous voici désormais en cage, contenus entre deux
grillages pour accéder à la plage, des pieux enfoncés de deux mètres dans le
sol pour empêcher les stationnements sauvages, des rondes policières pour
endiguer les outrepassants, comment se souvenir des espaces libres et vierges
de tout fil de fer ? A quand l’océan mis en bouteille dans un vaste
aquarium, pire, à quand le péage à l’entrée de la plage, le rabotage définitif
de ces plages obsolètes car non surveillées, à quand les heures d’ouvertures
pour aller courir ou simplement flâner…. A quand le nettoyage des amas de bois que les
tempêtes ont vomis sur le sable ocre d’ici ? Et toujours personne sur la
dune. Et toujours personne malgré le classique d’un quatorze juillet, on a beau
y être habitué pour vivre ici en toute saison, cela jette un froid sur une saison
qui ne grandit pas.
Quelques
tours de roues plus loin, le paysage est le même, vidé de son sens sans ses
vacanciers, un littoral ainsi à poil ne s’affiche pas en été, étrange mélange
d’un trop tôt et d’un trop tard, étrange pouvoir d’un monde sans le sou
comptant ses sous et cherchant à vendre les cabanes des anciens plaisirs, il
suffit de lire les étiquettes aux papiers et aux lettrages différents,
affichant parfois des prix devenus hors du temps pour comprendre combien il
semble urgent de se débarrasser de ces sweethomes devenues fardeaux et lests
pour banquiers irascibles. Les prix s’affolent et dégringolent, le marché se
sature de biens et manque d’acheteur, la balance du commerce est fortement
déséquilibrée qui plus est sur des marchés sommes toutes de niche et
difficilement lisible dans l’avenir. Ce qu’il y a de bon dans une crise, c’est
justement lorsqu’elle fait sa propre crise, qu’elle en implose et finisse par
disparaitre. Désormais c’est notre seul horizon. Courber l’échine et abandonner
hier dans les lumières de demain. Tiens, le vent s’est posé et en quelques
foulée la chaleur est de sortie, le ciel est bleu pur, l’océan plutôt
débonnaire affichant ses vingt-et-un degrés. Il est temps de faire plouf,
d’oublier dans les vagues tous les grains de sable de ces derniers temps. Ne
faites pas la tête et venez plutôt en piquer une, profitez-en, il n’y a
personne et la mode est aux soldes, les locations aiment les modes, voilà qui
parait bien profitables, non ? Et vous ?
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