un dimanche à la campagne....

Revoilou le printemps, enfin, la préparation du printemps…. Les jours rallongent, les bourgeons gonflent, opération sécateur et broyeur ce week-end, histoire de donner de la tenue au jardin, d’élaguer certains arbres, d’en supprimer d’autres, de réaménager l’espace pour se réapproprier les volumes et les paysages. Deux belles journées, au ciel bleu pur ou presque, avec des matinées bien blanches et bien mordantes, histoire de rappeler que nous sommes encore dans ces mois d’hiver qui peuvent aussi bien rugir que de fuir dans de chaudes envolées. Aléas climatiques, week-end de temps sec pour permettre de s’y mettre, il est des jours où les variables veulent bien coïncider…. Tailles, élagages, réflexions, broyages, paillages, tout est bon à faire dans le seul souci de l’entretien et de la conduite du futur décor.

Histoire de ne pas consacrer aux labeurs tout le week-end, une échappée bi cylindrique était au programme du dimanche matin. Rendez-vous donné par un club national sur Montauban pour s’en aller goûter aux joies des paysages vallonnés dans un joyeux cortège bariolé. Le départ matinal dans ces paysages plus que blanchis par le négatif des températures me permit de mesurer combien le chauffage devenait soudain symbolique dès lors que l’air ambiant se mettait à se croire polaire…. Ce ne sont pas les kilomètres à vive allure qui eurent raison de réchauffement de l’habitacle mais plutôt l’idée d’élévation qui sembla abdiquer dans un élan non soutenu par le pilote…. Enfin, après cette route déserte et rapide, me voilà sur place à faire connaissance avec ces passionnés et leurs bolides. Belle brochette de 2CV, ponctuée de deux Méharis et de deux acadianes. Les membres habitués se retrouvent, discutent, vous accueillent à bras ouverts, sans jugement, avec toute la bonhomie que seuls les passionnés peuvent connaître. Peu de badauds, au vu de l’heure matinale, eut égard aussi à l’emplacement excentré du rassemblement par rapport au cœur de la ville, et aussi, en raison des températures à faire regretter d’avoir quitter sa couette….. Remise des feuilles de route, et voilà que le cortège se forme, au gré des envies, des amitiés, prenant pour ma part ma place entre un couple de hollandais accompagnés de leur golden retriever et immatriculés localement, et une vielle mémère, toute repeinte de neuf. Euh, alors, pour les non-initiés à la chose, nous appelons mémères, eut égard à leur grand âge, ces élégantes qui ont vu leur certificat de naissance naitre lui-même entre 1948 et 1959, voilà qui reste précis. A compter de 1960, la mode changea et l’allure devint celle que nous avons connu jusqu’en 1990. Bien entendu, je parle ici de 2CV, mais cela, vous l’avez fort bien compris ! Pour faire court, les mémères ont un capot semblable à de la tôle ondulée, pas de vitres sur les custodes, pas de clignoteurs sur les ailes avant, mais un cabochon sur la custode, servant à indiquer aussi bien devant que derrière de quel côté on tourne. Ajoutez à cela, un éclairage en 6 volts peu puissant et des moteurs économes certes, mais dont les puissances sont restées modestes…. A partir des années 60, c’est le nouveau capot à 5 nervures, agrémenté de différentes calandres au gré des modes et des générations, et surtout l’arrivée de motorisation plus puissante, imaginez un peu le bond : de 9 on passe à 12cv, de 12 à 18, de 18 à 24 puis 29cv pour les dernières générations ! Mais revenons à nos moutons, à nos papillons dirait Bénabar dont les chansons illuminaient mes oreilles le temps de la balade, ou plutôt, à nos autos et à notre parcours. Chemin des crêtes qui peinaient à se réchauffer sous les rayons de l’astre, de Montauban à Fronton, en passant par de somptueux endroits, de charmants villages ou petites villes, point d’arrêt à Villemur sur Tarn, en des lieux bien connus aussi familialement et aussi amicalement, puis remise en route jusqu’à Fronton, au cœur des vignes célèbres, tout au moins localement, pour s’en aller se garer à la cave coopérative, le temps de refroidir les mécaniques mais aussi les passagers et conducteurs, car la visite des lieux, malgré la chaleur et la véhémence de notre guide ne fut que des plus rafraichissante. Visite très instructive sur les méthodes de vinification et les moyens de stockage, assez différentes de celles apprises en Corbières.

En clôture, la traditionnelle dégustation, l’occasion pour moi de me remettre en route, et de regagner le logis pour m’en revenir à mes moutons, mais non, pour en revenir à mes scions, car c’est là l’époque de tailler, de nettoyer et d’élaguer, alors scions, et laissons scier en paix. Et puis, ne dit-on pas que c’est en sciant que Léonard devint scie ? Bon, ok, elle est facile et archi connue, mais je pouvais pas y couper, si je puis dire, ce génial inventeur s’il avait vécu un peu plus, aurait aimé si ce n’est l’inventer, du moins l’invention de la 2CV. Tant d’ingéniosité cachée sous des choses d’apparences simples et faciles à entretenir démontre bien plus d’intelligence et de talents que le plus somptueux des prototypes dont le rôle n’est que d’être montrés en de trop rares salons. La 2CV est né, elle a été produite au-delà de 5 millions d’exemplaires, sans compter ses dérivés si proches, elle a vécu industriellement de 1948 à 1990et continue de vivre sous les mains habiles de passionnées et d’amoureux, faisant partie ainsi, des trop rares amours qui durent en ces temps peu glorieux….

Au-delà des modes, au-delà des temps, vedette de cinéma comme laborieuse compagne de l’artisan, elle fait partie de notre paysage depuis toujours. Ce n’est pas pour rien qu’on dit d’elle que ce n’est pas une voiture, mais un art de vivre !

Aucun commentaire: