plusieurs côtés

Vertige des dernières heures, une année meurt en silence, le silence qui retombe après les cris. Toujours les mêmes questions : ‘Quoi ? Déjà la fin de l’année ?’ Et toujours les mêmes constats, des constats constants sur toutes ces choses que l’on n’a pas pu ou pas su faire, parce que oui, bordel, un an ça passe vite, surtout dans nos mondes hyper matérialistes et tellement abreuvés de choses futiles et d’occupations chronophages, loin du cas lisse, nous buvons notre calice jusqu’à la lie. Cadeaux, grosses bouffes, alcools et cotillons, la fin de l’année s’enterre à grande pelletée de désordres, en fausses retrouvailles et en vraies solitudes, c’est ainsi. Côté ville.


Le ciel bleu transparait aux travers des branches trop nues pour ces drôles de presque chaleurs nous appelant au dehors. Il n’y a que la fraicheur d’un soir arrivant à l’heure du goûter pour se rappeler que nous sommes bel et bien en hiver. Tant mieux pour les marches en campagnes, tant pis pour les amoureux de la neige, la leçon est plus profonde : c’est à nous de nous adapter à dame nature, elle sait si bien nous le rappeler à coup de mercure. L’autre belle leçon, c’est d’apprendre à vivre avec le temps, savoir cueillir les bonheurs de chaque jour dans les pages naturelles de notre monde. C’est ainsi. Côté campagne.


Quelques tours de roues sur des petites routes, quelques vieilles pierres poussant du crépi, un village tranquille où il fait bon s’évader, puis un accotement un peu plus large, un presque parking où les roues glissent naturellement, le moteur s’éteint et voici un vieux chemin qui appelle à marcher. Un endroit intemporel, un sentier entre deux haies déplumées, une séparation de deux champs pour prendre un peu de hauteur, s’asseoir dans l’herbe verte et regarder ces successions de vallonnements, laisser divaguer l’esprit de ces bouts de tuiles à ces horizons bleutés, de quelques fumées de cheminées au ralenti, c’est là que l’âme se joint au repos du corps, une forme de méditation et de prise d’énergies. Se poser, se reposer, se régénérer, rien de plus, la seule lecture est celle du paysage, un rare moment à soi, pour soi, pour se retrouver. Combien d’envies de départs, combien d’hésitation à poursuivre des routes ? Nos vies trépidantes finissent par saouler de leurs trépidations, les besoins de respirations véritables nous essoufflent de plus en plus, nos vies ne deviennent qu’une collection de moments de vies, à quoi bon ? Il n’y a pas de liens éternels, il n’y a rien d’éternel, pas même les regrets. Un jour ici, l’autre pas, un jour dans une communauté de pensée, l’autre plus, partir, revenir, se séparer, se retrouver, une suite de fuites, à jamais en fuite, à jamais… Stop, l’heure est à l’évasion, loin du monde, loin des songes, loin de tout, juste ici, sur ce petit talus d’où le monde apparait et disparait, estompant ses acidités et ses diversités dans les brumes de mystères qui ferment les paysages. Ne plus être là pour personne, fermer le téléphone, éteindre les entonnoirs à mauvaise ondes, revenir à ces temps si humains sans sms, sans sonneries, sans fausses alarmes, juste le vrai, le réel, le présent. Côté vie.


Ne plus y être pour personne, à part soi. Savoir se donner du temps, s’accorder sur son propre diapason, respirer, laisser divaguer son esprit, errer dans la forêt aux mille idées, ne plus se focaliser sur les tensions des jours derniers, sentir peu à peu ses muscles se détendre, la pression sur le sol, l’air frais sur les joues, entendre les bruits de toutes ces vies, insectes, oiseaux, travaux mécaniques au lointain, et que passent les trains. Aucun appareil ne pourra jamais capter tout ce que notre monde nous offre, l’Humain reste toujours supérieur à la machine, pour peu qu’il veuille bien s’y atteler et se concentrer. Pour peu aussi qu’il veuille bien débrancher tous ces liens qui le retiennent dans sa fausse vie. Oser, mais oser vraiment. Oser s’aimer, oser se donner le temps, à soi, rien qu’à soi. Côté soi.

 
          


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