Lettre à un gamin de vingt ans….

Putain, ça passe tout de même ! J’ai vraiment l’impression que c’était à peine hier, ce jour de mai, quelques jours de repos, quelques jours parti là-bas, dans nos chères montagnes, dans notre vieux vaisseau de pierre qui sentait bon cette odeur unique, quelques jours à pédaler, faire du VTT à travers la montagne, jusqu’à ce coup de téléphone annonçant ton arrivée dans notre monde…. Il a fallu peu de temps pour redescendre en plaine et venir te voir, bébé bien brun et sa chaussette sur la tête, oui, te voilà, me voilà, nous voilà présentés… Et puis tant de choses, tant de secrets, tant d’intimités de notre famille, des années qui passent, des accidents de la vie, des familles brisées, des familles recomposées, mais toujours un même lien. Quel lien ? bien au-delà des mots, oncle, neveu, parrain, filleul, toi, moi, nous. Toujours.

Je ne me pince pas, tu as vingt ans, après tout, c’est dans la normalité des choses, tu as eu d’autres chiffres avant et je revois ces bougies à numéro bien alignées dans une vitrine chez tes grands-parents. Vingt-ans. Que n’a-t ‘on pas déjà dit ou écrit sur ce bel âge ? Que pourrais-je te dire ? Que je me souviens de mes vingt-ans ? Te raconter les miens ne t’apporterait rien. Nous avons bâti notre complicité, nous l’avons tissé, renforcé, nous l’avons éprouvé et nous nous y sommes toujours réfugiés dedans, mais depuis quelques temps, ce nid douillet tu l’as quitté, et tu voles vers d’autres routes, l’écoute que tu avais, tu ne l’as plus, rien de grave. Tu vois mon grand, c’est cela la vie, des êtres unis qui peu à peu testent l’union dans la désunion, non pas par rébellion, juste qu’il est des âges de la vie où tout nous parait tellement possible, tellement solide qu’on croit les choses éternelles. Hélas, rien n’est éternel, les êtres vont et viennent, d’autres disparaissent, de là naissent nos peurs, nos désarrois, mais non, rien de grave, juste la vie qui s’exprime et nous forge à travers tout cela. Alors oui, te raconter mes vingt ans n’aurait aucun sens, car tes vingt ans je les ai eu, ces vingt ans où les adultes nous saoulent avec leurs expériences, leurs leçons, leurs façons de voir les choses, parce qu’à vingt ans, on est soi, on est sûr de soi et non, nous on ne va pas faire les erreurs des anciens. On en reparlera. Oui, on en reparlera parce que je serais toujours là, même si nous nous perdons de vue et d’oreille, même si nos complicités à deux sont rangées dans les albums souvenirs, tu sais très bien au fond de toi que quoi qu’il arrive, il y aura toujours un phare au bout de ta nuit, quoi qu’il advienne il y aura toujours des larmes pour sécher tes larmes, des mots comme des silences pour répondre à tes hésitations, tout cela, au fond de toi, tu le sais tout comme je le sais.

Vingt ans. Ça fait quand même drôle parce que ton âge renvoie tout un tas d’autres âges, parce que ce jour nous renvoie des sourires, des voix parties dans nos oublis, parce que vingt ans, on a beau dire, même si ça passe vite, au final, ça nous aura tous construits. Oui, tu as ce nombre magique, tout rond, tout neuf, tout souriant, aussi brillant qu’un vingt sur vingt et c’est là la note de ta vie. Ils seront nombreux à te dire qu’ils aimeraient avoir ton âge, cette phrase trop facile que l’on entend que trop lorsqu’on est dans ces âges, en pensant trop souvent qu’ils sont fous, qu’ils ignorent les galères du lycée, les accrocs de la vie, ces souffrances d’aujourd’hui…. Prends les tes vingt ans, vis les tes vingt ans, sois fier de toi comme nous sommes tous fier de toi, mais par-dessus reste toi, et avance en oubliant les âges parce que nos vies étouffent sous des calendriers imbéciles en oubliant que vivre c’est oublier le temps, les chiffres et les années, vivre c’est aimer, aimer ceux qui t’entourent, être vrai avec ces êtres vrais, et puis mon grand, aimer, parce que l’Amour sera toujours la seule vraie richesse dans ta vie. Nous, on t’aime, depuis tout ce temps, dans les présents comme dans les absences, Dans les rires comme dans les autres moments, alors oui, crois-moi, aime et aime ce que tu aimes et puis au fond, quand on aime, on a toujours vingt ans, non ?


Bon anniversaire mon grand

2 commentaires:

Fabienne a dit…

N'entend-on pas fort souvent : " 20 ans, le bel âge !" ?
Je dis " 20 ans, UN bel âge" car tant d'autres âges ont été et sont encore plus beaux, plus épanouissants que certains 20 ans :-)
Tes mots sont un précieux cadeau d'anniversaire : outre l'amour et la complicité de deux âges, c'est la complicité de deux êtres.
Gardons qu'elle reste conservée au-delà des aléas du temps

Unknown a dit…

Que d amour et de complicité on ressent dans ce texte .
Une belle preuve d amour et de complicité entre son oncle et son neveu .tout comme un papa avec son fils .
Mais mieux encore ,il vole de ses propres ailes et forge son expérience de vie .tu seras toujours la pour l écouter si besoin il aura .