Frustation

Les temps changent, les modes changent, voilà désormais que le stress a disparu, désormais d’après le baromètre de nos dirigeants et de nos psychologues, le mal chronique dont souffre les gens s’appelle frustration. Qu’importe le contexte, on vous rabâche ce terme-là. Tantôt bouclier pour éviter d’affronter la réalité d’une mauvaise gouvernance, tantôt bouquet de roses à épines en guise d’explication sur le mal être qui enlise les entreprises, la frustration est totale, le stress à déserté voilà qui devient frustrant. Etonnant ces mots, ces sens, ces désordres qui vont et qui viennent, tout comme cette mode du coaching. Nos chefs sont désormais coachés, non pour être meilleurs, enfin, vus d’en bas, après tout ce ne sont pas des athlètes en quête de record, non plutôt de ce long travail de sape qui consiste à gommer les aspérités et les traits saillants de caractères, ponçage et polissage d’où ils sortiront lisses et brillants, plus polis, plus beaux vus d’en haut. Dans le grand jeu des « on ne dit pas… » les cours sont pleines et les leaders sont étrillés jusqu’au plus profond de leurs vocabulaires. Et oui, désormais, on n’est dans le moule ou n’est plus. Adieu caractère, créativité, bonjour la lobotomisation de masse, le doigt sur la couture du pantalon tous bien droits, bien alignés, bientôt nous aurons droit aux chants de l’armée rouge, si ce n’est pas le chant du cygne d’une société qui finit par disparaitre à force d’être devenue trop transparente. Corvéable à merci, convoqué pour dire oui, merci, telles devraient être les annonces des futures embauches de nos dirigeants. Dans la série des formations, nous avons : « j’ai l’air de t’écouter mais je suis en train de compter ma prochaine rallonge », « comment dire vous avez raison, mais nos contraintes budgétaires nous conduisent à d’autres choix », « je suis heureux parce que grâce à mon travail nos produits se vendent bien dans le monde », ….

Malaise ? Non ! Bien être ! Imaginez-vous, tout en haut de la pyramide, non, pas celle d’où 4 siècles d’histoire vous contemplent, faudrait pas non plus vous prendre pour Napoléon Bonaparte, non plus celle en verre qui embellit ou enlaidit la cour du Louvre, à chacun ses égouts, non, la pyramide, celle du pouvoir, de l’encadrement, celle de Maslow, imaginez comme il est doux de voir tous ces petits chefs venir brouter les miettes jetées à leurs pieds, comme ils sont beaux ces doux sans cervelles, prêt à se mettre en pièce pour attirer la complaisance de leur chef, décrocher un sourire et recevoir son sussucre…. Pendant ce temps-là ? Et bien il y a deux formes de frustrations, vous voyez, on y vient : les frustrés de ne plus pouvoir débattre véhément avec des chefs devenus aussi plats et insipides que des galets, propres à ricocher sur les problèmes et les conflits pour tenter de gagner l’autre rive, sans comprendre que les galets rebondissent sur l’onde mais finissent toujours par couler, et puis, il y a les frustrés de ne plus rien comprendre à cette société qui s’encrasse et s’enlise, de ces managers qui restent indéfiniment dans des postes qui auraient tant besoin de sang neuf, et il y a encore les frustrés de ne pouvoir être frustré puisque là est la mode. Cela fait trois formes ? Ah ? Zut ! L’encre est sèche et je ne peux corriger. Dommage, n’en soyez pas frustré pour autant. Chaque époque a son mal, tout comme Jean-Paul Gauthier eut le sien, guettons donc les prochaines maladies, après tout, nous avons vaincu le stress par la passivité, nous bannirons la frustration par…. Non mais ! Vous ne croyez pas que j’allais délivrer là l’ordonnance du vaccin, non ? Patience, ouvrons l’œil et restons critique, nuancé pour mieux pénétrer les rouages à lubrifier, le jour viendra bientôt…..

Un dernier point : Toute ressemblance avec des sociétés, des personnes, des hiérarchies connues ou semblant être connues ne seraient que pure coïncidence ou presque, après tout, il y e na bien qui gagne au loto, non ?

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Il y a aussi dans la série formation, euhh.... non, pardon, il ne faut plus dire "formation" mais "atelier" (ne posez pas de question, c'est nouveau, ça vient de sortir). Bref, dans cette série là, nous avons eu droit à l'atelier "Chaleur Humaine". On nous explique que la bonne humeur disparaît dans nos entreprises et que cela nuit au rendement. Et de l'autre côté, on restreint le personnel, on vous demande d'en faire plus, toujours plus, encore plus...
Et c'est alors qu'une poignée d'irréductibles se lèvent et ouvrent leurs bouches pour dire ce qu'ils pensent de leur "Chaleur Humaine" et de leur secte de m....
Et c'est alors que pleuvent les lettres de mise en garde, les messages plus ou moins clairs au détour d'un couloir, les licenciements pour des causes aussi flous que Londres un jour de brouillard.
Les frustés du pouvoir sont des mafiosis qui ne pensent qu'à une seule chose, s'en mettre plein les poches.
Bref, Mr Colucci avait raison :
"La dictature c'est ferme ta gueule et la démocratie c'est cause toujours."

L'auvergnate.

Didier a dit…

en pleine forme je vois ;-)

Anonyme a dit…

Face à certains sujets, je ne réagis pas, je bondis effectivement.
A me mettre dans la case "incasable" svp, merci!! LOL

L'auvergnate.

Didier a dit…

j'en connais d'autre....

;-)

Anonyme a dit…

Et plus y aura d'"incasables" et mieux ce sera.
N'en déplaise à ceux dont l'intelligence humaine ne dépasse pas le zéro.

L'auvergnate.

Didier a dit…

certes, il faut de tout pour faire un monde, même si je déplore ces oeillères devenues lunettes de lobotomisation.

Anonyme a dit…

Certains ont des oeillères, d'autres ne veulent surtout rien voir. Et il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.
Et n'oublions pas ceux qui s'en tape comme de leur 1ère chemise.
Reste pas beaucoup de place pour les "incasables"...(ce mot m'agace finalement, il ne veut rien dire).
Mais bon, restons nous même et positivons!
Bon courage en tout cas à tous ceux qui lutte contre l'uniformisation des êtres.

L'auvergnate.