un coeur qui bat

Un cœur qui bat, calme, régulier, lentement, pulsations régulières faisant danser les aiguilles de la machine et leur faire tracer des courbes régulières, répétitives à l’accès, ballet étonnant donnant un graphique précis et parallèle traduisant les fonctionnements de ce qui constitue la fonction vitale de la machine humaine. Un pic, une descente, pratiquement sans oscillation, un plat avant de regrimper, au même niveau, dans le même tempo, d’attaquer la même descente à la courbe si lisse, si homogène, et de recommencer, encore et encore, poursuivant sans fatigue les montées et les descentes, les plats, véritable métronome qui aspire et injecte le sang dans l’organisme. Un cœur régulier, un rythme constant, précision quasi astronomique, mais au fond, sommes-nous autre chose que de la poussière d’étoile ?

Et puis, un jour, un instant, l’aiguille traçant sans relâche une courbe au tracé aussi immuable qu’une danse aux pas trop bien appris improvise et s’en va parcourir en une envolée soudaine des millimètres de papier qui sans cela seraient restés vierges, les marquant à l’encre noire dans un pic jaillissant comme un point d’exclamation dans un discours monotone. Réveil du cœur au sortir d’un long sommeil ou erreur de parcours ? Pic anodin, sans ressenti jusqu’au moment où l’homme de l’art, peut-on parler d’homme de l’art lorsque les tableaux produits le sont par la machine, jusqu’au moment disais-je où l’explication de cette imperfection au cœur d’un tracé peut-être trop parfait prend un vocabulaire digne d’antiques versions d’une époque où le latin n’avait que peu de secret pour mes neurones, tandis que pour l’heure, les mots reçus deviennent des coups d’aiguilles encaissés dans un émoi ressenti, une angoisse qui enserre et contraint et finalement inquiète. Dès lors, c’est tout un univers de ressenti qui s’efface, de perceptions nouvelles, l’esprit se focalise sur les mots, cherche les maux derrière les mots, s’interroge et s’inquiète, réalise soudain que derrière cela il peut y avoir le mot fin. Etrange sensation que ce passage de l’insouciance vers le souci, ce transfert inconcevable de l’immortalité vers la mortalité perçue, l’angoissante question de jour sans lendemain. Qu’avons-nous vécu ? Que n’avons-nous pas vécu ? Le temps est passé bien vite, même si certaines heures furent longues, le moment est-il donc venu de laisser la place, de se retirer sur la point des pieds, de laisser la main et d’abandonner tout contrôle à d’autres ?

Plusieurs nuits d’affilé, bien avant l’examen, le jour final fut vécu dans les songes, sans aucun affolement, sans aucunes peurs, juste la surprise d’entendre e réveil et de sortir d’un drôle de torpeur, si je puis m’exprimer ainsi. Pas de craintes ressenties alors, mais un sentiment bizarre d’enterrer un bout de sa vie, de renaitre au réveil dans une autre vie, comme un juste passage, sentiment troublant de classer et d’enfermer une vie, de clore sans appel un tome sans espoir de relecture. Nouvelle naissance et non une renaissance, l’enveloppe est presque la même, un plus affinée, un plus rainurée, elle a même trouvé une nouvelle souplesse, de nouvelles envies aussi. Dans cette phase-là, euphorique, enrichissante de bien-être, l’annonce d’un déraillement de l’horloge interne tranche avec la plénitude, le choc est plus violent car non attendu, la réaction brutale, comme un signal d’urgence tiré, comme un rêve arrêté en plein déroulement, sans le laisser vivre jusqu’à son dénouement. Un nœud sur une corde lisse, un arbre en travers de la route, une impasse trop étroite pour y faire demi-tour, un stress au cœur de la détente. Attente. L’attente latente. L’attente pendant que le grand sablier poursuit son décompte, grain de sable utile au comptage d’un côté, grain de sable venant perturber la mécanique de l’autre, les examens supplémentaires comme dates butées, les suppositions en tout genre comme autant de suppositoires lancés dans le trou noir des angoisses, dans une vie qui ressemble à un merdier sans nom, une tâche non accompli, une copie inachevée que voici le moment venu de rendre. Impuissance. Il est des choses sur lesquelles nous n’avons pas d’action possible, des choses qui restent dans l’ombre jusqu’à leur mise en lumière soudaine et qui parfois ne donnent pas l’occasion d’être prévenues ou déjouées. « On n’est bien peu de chose… » dit la chanson, une de mes chansons préférées, plusieurs fois évoquées, c’est ainsi et on compose avec, la difficulté réside dans la réalisation que le terme est peut-être atteint. Encore combien de temps ? Est-ce ici ? Est-ce maintenant ? Des regrets ? Non, les regrets ne servent à rien à part…à regretter. On ne rejoue pas des choses passées et entérinées, on vit avec ou sans, on met en place d’autres choses. Eternel parcours du combattant, on déjoue les embuches de la vie, on avance au travers d’un dédale de cases blanches ou noires, sans maitriser l’éclairage du parcours. Le mot fin peut surgir à tout moment, il hante parfois nos rêves, il transforme le noir de la nuit en nuit blanche, il transforme la lumière des jours en jours noirs, puissance divine ou satanique, puissance tout court de ces trois lettres alignées, ce F de feu, ce I d’inique, de N de naturel, même si cela nous paraît surnaturel, injuste, anormal, mais, comme toute chose a une fin, comme la vie est une maladie mortelle que nous attrapons tous à la naissance, comme la nuit termine le jour, la seule réalité est de souffrir de ne point connaître le planning à l’avance. Encore que…. En attendant la suite, quelle qu’elle soit, profitons encore plus de ces beaux jours, et là, vu le ciel, je ne parle pas de météo….

2 commentaires:

Anonyme a dit…

tant que le coeur bat, il faut laisser battre... ;)

Anonyme a dit…

ton coeur n'est pas ton seul moteur tu as aussi les mots et ne les perd pas pour cause de maux non déterminés...

bizz

belle amie