Octobre
et ses promesses colorées, c’est une pause que se prend l’été avant de partir
aux sports d’hivers, c’est l’occasion de traverser mille coins de nature qu’on
croyait connaitre mais dont les paysages prennent un tout autre relief
uniquement par la magie des couleurs surprenantes. Pour peu qu’une larme de
brume s’en vienne estomper les contours, nous voici dans un tout autre monde.
Il faut se lever de bon matin pour cueillir cette sensation unique, cette
déchirante séparation de la terre et du ciel au matin naissant, les nuages
s’étirent, s’accrochent, ils veulent rester à terre et jouer encore à cache à
cache sous les feuilles cramoisies, mais le soleil est le maitre devant qui
personne ne résiste, il dicte sa loi et tous obéissent. Sous les ardents rayons,
les cieux rejoignent les cieux, peu à peu les mordorés des végétaux percent au
grand jour.
Le
voyageur immobile resserre son manteau, les frimas sont durs pour les cops
encore endormis, et devant ce paysage à couper le souffle, l’arrêt prolongé a vite
fait de vous glacer les sangs. Plus bas il y a l’océan, ses rouleaux et ses
plaintes, par-delà les maisons les vignes parées de rouge, de brun, de doré, de
vert aussi, la résistance est partout. Le bonheur est partout. Simplement. Très
simplement. Pourquoi donc l’Homme passe-t-il tant de temps et d’énergies à se
compliquer la vie ? De là nait l’agressivité, la peur et le chaos. Il y a
tant de belles choses à voir, tant de bons temps à s’octroyer pour se laisser
aller à la quiétude et à la douce contemplation, une profonde méditation devant
une nature aux mille apparats. Encore faut-il voir, encore faut-il avoir envie
de voir. S’accorder le temps de voir pour s’accorder sur le tempo naturel de
mère nature, notre diapason régulateur. Etre en accord, comment ne pas être
d’accord ?
Le
soleil est pale, caché par les brumes, un disque blafard qui s’élève peu à peu.
Les cris des oiseaux remplacent la sonnerie d’un réveil, peu à peu la société
s’éveille, les bruits des voitures, les bruits de la ville, les bruits de la
vie manifestent leur impatience à occuper l’espace, tout l’espace. Non. L’océan
rugit en opposition, le désert de la plage offre son calme pour quelques pas,
bien avant que les premiers joggeurs puis les surfeurs ne viennent. Le surf, la
religion d’ici comme de partout où il y a cette unité d’océan et de nature,
lecture des éléments, patiente écoute, ressource et méditation, vivre au tempo
des vagues, au rythme des jours, encore une fois s’accorder sur le diapason de
mère nature. L’apaisement ne vient-il pas de cette mise à l’écart du monde trop
agité ?
Quelques
pas sur le sable humide de la trop longue nuit, c’est là le drame d’octobre,
des jours courts et intenses et des nuits longues et fraiches. Peu à peu la
montagne apparait, petites routes parsemées de maisons pimpantes, haies
touffues des bordures de champs, rangs de vignes colorées, pâtures et fougères
commençant à roussir au sommet, comment ne pas aimer cet endroit ? Ici,
ailleurs, chacun peut trouver son havre de paix et de tranquillité, son espace
de ressource, apprendre à s’y connecter, tout simplement ou tout simplement ne
rien faire et s’y sentir bien… Parce que peut-être bien que ce n’est pas
l’endroit qui compte, ni l’envers, peut-être bien que ce qui compter le plus
c’est de s’accorder du temps à soi, rien qu’à soi, s’isoler et plonger dans sa
bulle pour recharger ses énergies, et si pour cela il est un coin qui vous
convient mieux, n’hésitez pas mais la force est de pouvoir le faire en tout
lieu, cueillir le meilleur de chaque endroit, de chaque instant, c’est juste
l’essentiel.
Le
jour est bien levé, la chaleur se fait plus présente, il fait bon, il est bien,
parce que ce matin fut tout autre et tellement pareil, parce que respirer et
poser sa respiration est un simple exercice aux bienfaits multiples, parce que
c’est lundi, un lundi d’octobre, quelque part sur la terre, dans un instant
unique comme il en existe tant. Heureusement.
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