L’âme vagabonde, le vagabond
vagabonde. Le nez en l’air, le pas tranquille, il va tranquille sur les chemins,
sans en avoir l’air. Au fond, pourquoi prendre un air, à par l’air qu’on
respire, l’air assuré par le vent léger, l’air rassuré par la simple envie d’être.
Au fond, c’est un être simple, au passé composé, peut-être imparfait, mais quel
être est parfait ? Des pas si simples, des pas imparfaits, dans un présent
qui n’est pas un cadeau, un futur proche au bout du chemin qui ramène au passé
antérieur. Il marche. Les idées se promènent, quittent les neurones, viennent par
devant, les mains dans les poches de son pardessus il marche. Quelle idée sera
la plus forte, la plus présente, celle qui viendrait par-dessus les autres ?
Il marche. Au gré des pas et des cailloux, il prend l’air. L’air pur, l’air
distrait, l’air absent. Fermé pour balade, il est ouvert aux sens. Aucun sens
interdit, libre d’aller, libre de respirer, libre de penser. C’est un libre
penseur. Une thérapie sur la vie, ses coups, ses blessures. C’est un libre
panseur. Au fond, marcher seul parmi les éléments, n’est-ce pas là la plus belle
des thérapies ? Il respire, la terre, les herbes, les embruns, il respire
les vies. Il écoute les vies. Vents parmi les arbres, vagues énervées, oiseaux
apeurés de cette présence, gibier détallant devant cet imposteur. Oui, c’est un
imposteur, un être qui s’en vient déranger cette foule de vies, furtives,
craintives. Un vagabond imposteur qui tout à l’heure ira poster ses ressentis,
l’encre d’une vie. Parfois les vies se croisent, parfois les vies se mélangent,
parfois les vies s’envient, parfois, on vit d’être en vie. Combien de maux
seront apaisés par les mots ? Combien de mots viendront tenter de d’écrire
si imparfaitement ses ressentis ? Le vagabond vagabonde sans se soucier du
temps, celui des Hommes de le leurs horloges, celui des cieux et des nuages. Il
marche. D’un pas léger, il va. Oui, il va. Peu importe le qualitatif, il
marche, il respire, il vit. Au fond, n’est ce pas là l’essentiel des êtres ?
Vivre simplement, respirer simplement, sans avoir l’air, si ce n’est au fond ce
qu’on appelle le grand air. L’âme vagabonde, compagne du cerveau, elle le
titille, elle lui tend la perche de ses idées perchées, elle inspire tandis que
lui respire. Ce n’est pas un combat, c’est plutôt une coopération, une émulation.
De ces sollicitations naissent sans sourciller des mots et des idées, des idées
en mots, des motivations, des mauvais jeux de mots parfois, mais au fond, quel
mal y a-t-il à jouer avec les mots ? Simple errance de vagabond, simple
vagabondage, d’un vagabond d’âge avancé, imparfait au futur incertain,
satisfait d’en cueillir le présent comme un cadeau.